Sortir de l’isolement
En consultation, j’ai régulièrement des personnes qui me disent se sentir isolées et avoir envie de tisser des nouveaux liens amicaux. Souvent un divorce, le départ des enfants ou le fait de vivre seul(e) depuis longtemps leur fait ressentir une solitude pesante.
Et soit elles ont perdu contact au fil des ans avec leurs anciens amis, soit ceux-ci sont en couple ou ont fondé une famille et ne sont pas dans la même phase de leur vie, avec ce besoin de sortir et de nouer de nouvelles relations.
Or, ce sont souvent des personnes qui ont vécu des expériences de groupe plutôt négatives, et ne sont pas à l’aise pour s’inscrire à une activité de loisir régulière comme un cours de dessin, de musique, de sport etc.
Que vont-elles trouver d’intéressant à dire ? Et si personne ne leur parlait et qu’elles se retrouvaient à l’écart sans rien trouver à dire ? Et si les autres étaient beaucoup plus douées et talentueuses ? Elles pourraient se sentir affreusement nulles…
La dévalorisation et la honte ne sont pas loin, alors difficile de s’exposer à des inconnus sans craindre que cela ne se passe mal.
Des premiers essais rebutants
A un moment donné, elles finissent par décider de s’inscrire sur des sites de sorties ou de rencontres. C’est l’option qui paraît alors la plus tranquille et sécurisée.
C’est un support organisé. En plus, on se trouve d’abord derrière un écran, on peut avancer à son rythme sans engagement, sans se sentir bousculée. Et si « on le sent » bien, on peut envisager de s’inscrire à une sortie, ou de rencontrer la personne avec qui l’on a échangé quelques messages.
Or, il arrive souvent que les personnes que j’accompagne reviennent déçues ou amères de ces premiers essais. Elles se heurtent à un décalage entre les personnes qu’elles rencontrent et ce qu’elles cherchent, le type de rencontre à laquelle elles aspirent.
Ce sont principalement des femmes qui me racontent cette solitude qui leur pèse, non pas parce que cela n’arrive pas aux hommes, mais plus certainement parce que ceux-ci n’osent pas se confier de la même façon sur leur vie affective intérieure. Ils restent beaucoup plus secrets, surtout sur les zones qu’ils peuvent juger honteuses à dévoiler.
Ils ont appris à garder pour eux ces souffrances et ces vulnérabilités, et ont construits d’épaisses carapaces qui maintiennent tous ces affects enfermés au-dedans.
Les femmes donc qui me racontent avec déception leurs premiers contacts m’expliquent être découragées par ce qu’il s’est passé.
Soit elles ont renoncé au dernier moment à participer, rattrapées par l’angoisse de ne pas réussir à trouver sa place et à se retrouver seule à l’écart, sans personne avec qui parler, et sans oser faire le premier pas vers quelqu’un.
Soit elles y sont bien allées, mais ont rencontré des personnes avec qui elles n’ont eu que très peu d’atomes crochus : des gens ayant des personnalités trop différentes, très extraverties par exemple, ou encore venant de milieux sociaux radicalement opposés, trop populaires, avec des sujets de conversation éloignés des leurs, des hommes au style de séduction rebutant…
Entre honte et mépris ou dégoût, rien de très réjouissant qui donne envie de poursuivre… Les premires tentatives font remonter des émotions vives et cuisantes.
L’action déprimante des croyances limitantes
Je les vois alors revenir avec beaucoup de colère et d’amertume, et un profond rejet de la situation qu’elles viennent de vivre.
Encore plus fermées.
Comme si leur espoir de pouvoir changer la situation disparaissait, et qu’une fatalité les rattrapait : « Qu’est-ce qui m’a pris d’aller là ?! Rien ne pourra jamais changer, je suis condamnée à rester seule. »
Pourtant, ce qu’elles vivent à ce moment-là n’est pas une réalité objective. Ce n’est qu’un reflet de leurs tourment intérieurs, de leurs croyances négatives ou limitantes.
Suite à des expériences douloureuses qui se sont répétées dans le passé, elles ont ancré en elles des convictions telles : « Je n’intéresse personne, je ne suis pas séduisante, je suis mal à l’aise avec des gens que je connais pas, je n’arrive jamais à trouver ma place au milieu des autres, les autres femmes sont tellement plus à l’aise que moi, etc. »
Et ce qu’elles expérimentent dans ces premières sorties, c’est la confrontation à leurs propres croyances. Le monde, les autres, les situations que l’ont vit sont souvent des reflets de notre monde intérieur.
C’est particulièrement flagrant les jours où l’on se lève de mauvaise humeur : tout part de travers comme pour confirmer que la journée était pourrie d’avance. A l’inverse, observez les chanceux, tout leur sourit, toutes les portes s’ouvrent, les opportunités arrivent à eux comme par magie… On crée notre propre réalité. C’est le principe développé par la Loi de l’attraction.
Vous craignez le rejet et l’isolement ? Vous avez des mémoires profondément ancrées en vous avec ces sensations ? C’est ce qui va revenir en premier quand vous allez essayer d’en sortir. Et si vous vous arrêtez-là, cela ne fait que renforcer les anciennes mémoires et vos convictions profondes.
C’est un cercle infernal, un cycle de répétitions sans fin qui déprime, qui rend amer, dans lequel on se sent enfermé et impuissant.
Ouvrir une porte en soi
Pour trouver la sortie – car il y en a bien une ! Certes, recouverte par toutes vos mauvaises expériences, ce qui donne souvent l’impression d’être dans un tunnel noir dont vous ne voyez pas le bout… Pour trouver la sortie, il s’agit de créer en soi ce que l’on veut trouver au dehors.
Tout comme Gandhi disait « Soyez le changement que vous voulez voir dans ce monde », il est nécessaire de se donner et d’accueillir en soi ce que l’on veut recevoir de l’extérieur.
C’est la grande découverte que j’ai faite moi-même il y a quelques années dans la même situation.
Je sortais d’une relation sentimentale particulièrement douloureuse, ma vie sociale était presque inexistante, mon travail occupait toute la place, et heureusement il me comblait. Mais j’accompagnais quotidiennement des femmes dans la même situation, et je les voyais au fil des mois se mettre à rayonner, commencer à s’ouvrir et faire la rencontre de quelqu’un avec qui tout se passait bien. Enfin !
J’ai fini par en ressentir suffisamment de frustration pour me dire qu’il était temps que je m’occupe de moi, et que je m’applique à moi-même mes propres méthodes…
J’ai commencé alors à remplir un carnet personnel de pensées positives, à projeter ce que j’attendais de la vie, ce qui me rendrait heureuse, à le décrire, à coller des images joyeuses dedans… et à m’inscrire que le site OVS dont j’avais entendu parler.
Appréciez ce qu’il se passe sans attente et sans jugement
Les premières sorties ont été calamiteuses. Je me suis retrouvée complètement décalée, à boire un verre au milieu d’un groupe qui visiblement se connaissait déjà, et dont je découvrais rapidement qu’ils étaient plus ou moins tous ouvriers d’usine. J’avais l’impression que les femmes me regardaient avec dédain. Est-ce qu’elles voyaient affiché sur mon front « diplômée d’un Bac+5 »? Deux plus précisément. Je devais le transpirer, car je revivais là ce que je redoutais le plus, le regard narquois et hostile de femmes faisant bloc et me mettant ostensiblement à l’écart.
Inutile de vous dire que je ne suis pas restée bien longtemps, et que j’ai cherché la sortie discrètement. Un mal-être épouvantable s’est alors emparé de moi sur tout le trajet du retour.
J’ai persévéré un peu, mais les sorties suivantes n’ont guère été plus concluantes. Je me sentais seule au monde, différente, incapable de rencontrer des personnes avec qui j’avais des affinités.
Sauf qu’une pensée déclic a fini par faire irruption en moi, subitement, à l’issue d’une de ces autres soirées : « N’attend rien de précis de ces sorties, essaie simplement de passer un bon moment, rien d’autre ».
Je ne sais pas d’où ce sage conseil m’est venu, probablement de mes lectures qui finissaient par infuser, mais il a été le grand déclencheur de tout ce qui s’est passé par la suite.
J’ai continué à sortir sans attendre de grandes révolutions, simplement rencontrer du monde après mes journées de travail et me changer les idées. Je repartais sans avoir particulièrement accroché avec quelqu’un ? Peu importe, j’étais sortie de mon métro-boulot-dodo et c’était déjà ça. Je semais des graines, l’une d’elle finirait peut-être par germer.
Au fil des mois j’ai fini par tisser quelques liens avec des personnes avec qui j’avais davantage de points communs, et rejoindre un groupe qui se formait. On se retrouvait, l’été arrivant, dans un bar lounge assez sympa dans lequel on se faisait quelques parties de pétanques autour d’un verre. Je passais des bons moments et je me sentais peu à peu plus à l’aise, moins décalée. Entourée de gens que j’avais plaisir à voir et accueillie agréablement.
Jusqu’au milieu de l’hiver où je me suis rendue un soir chez une amie d’amis… dans laquelle j’ai rencontré l’homme extraordinaire avec qui je vis maintenant depuis 4 ans, et avec qui je multiplie les projets qui me remplissent de joie.
Se laisser traverser
Ce que j’ai découvert à cette époque, c’est que le secret était de se laisser traverser par ce qui arrive, sans chercher à l’éviter ni lutter contre. Sans le rejeter.
Simplement l’accueillir tel qu’il vient, et tenter de l’adoucir en appréciant les aspects positifs, modestes au départ et de plus en plus palpables au fur et à mesure que l’on y parvient.
C’est une solution intellectuelle qui a été le tournant pour moi à cette époque de ma vie, une pensée. Depuis j’ai découvert beaucoup d’autres outils pour créer ces mêmes changements intérieurs, en travaillant à apaiser les émotions douloureuses, ce qui libère des espaces et de l’énergie vitale.
Chaque jour je teste les nouvelles approches que je découvre en séance, et je suis émerveillée par les libérations profondes que cela produit progressivement.
Alors, je m’adresse à vous, qui peut-être vivez en ce moment même cette douleur de la solitude. C’est avec vous-même qu’il vous faut vous réconcilier. En ressentant cet amour et cette bienveillance envers vous-même, vous la diffusez inconsciemment autour de vous et elle finit par vous revenir.
Quand tout semble bloqué dans vos relations aux autres, c’est parce que vous êtes coupé(e) d’une partie de vous, sans doute douloureuse, et que vous la rejetez. C’est invisible.
Mais ce qui est visible en revanche c’est votre rejet des autres, de la situation, de certaines émotions. Et c’est là que vous pouvez diriger toute votre bienveillance, tout votre amour.
Vous pouvez apprendre peu à peu à entrer en contact avec ces zones inconfortables de votre vie et à les accueillir avec respect, à les accepter tout d’abord sans jugement, sans pression, sans essayer de changer quoi que ce soit. Simplement vous tenir à côté d’elles et les observer.
Et peu à peu vous en approcher, leur sourire et les envelopper de votre tendresse.
Vous verrez que les changements autour de vous ne tarderont pas à apparaître…
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