Une prison dorée
La vie que l’on mène peut parfois ressembler à une prison dorée…
C’est ce que me disent certains hommes en consultation qui gagnent aujourd’hui bien leur vie, et ont savouré leur réussite professionnelle en s’offrant une belle maison, une belle voiture, et de magnifiques vacances avec toute leur famille plusieurs fois par an.
Ce qui est une source personnelle de fierté et d’épanouissement au départ, devient souvent, au fil des ans, une cage de laquelle ils ne savent plus comment sortir.
Quand la pression sociale et familiale nous enferme
« Mon travail ne m’apporte plus autant de satisfactions qu’avant. J’ai l’impression d’en avoir fait le tour. Avant, c’était un vrai challenge pour moi de monter les échelons, mais je suis arrivé tout en haut de ce qui est possible pour moi dans cette branche, et je supporte de mois en moins toutes les contraintes que je vis au bureau. »
« Ce qui me plairait vraiment aujourd’hui, c’est de monter ma propre boîte. J’y pense depuis un moment. »
« Le problème c’est que je vais probablement pouvoir espérer le même salaire tout de suite. Et ça me fait peur. On vient de faire construire la maison dont on rêvait avec ma femme, et le crédit est lourd, je ne me vois pas lui proposer de la revendre… Ni lui annoncer que nous ne pourrons probablement plus prévoir les mêmes vacances que maintenant. Je me sens complètement coincé. »
Fabrice, qui appartenait à une famille où la réussite sociale était primordiale, me disait qu’il rêvait de tout plaquer et de partir faire le tour du monde en voilier, seul, loin de tout.
Il ne supportait plus sa maison avec son grand terrain, et les obligations qui s’enchaînaient le we après celles de la semaine : tondre la pelouse, tailler les haies, faire la queue « comme un con » à la déchetterie le dimanche matin etc. Il se disait qu’à choisir il préférerait retourner en ville dans un bel appartement. Quand il en a parlé à ses filles adolescentes, celles-ci lui ont asséné : « On n’aura plus de piscine ? Mais ce sera trop la honte! »
Et le voilà quelques mois plus tard m’expliquant qu’il venait de faire l’acquisition d’un superbe terrain dans une commune huppée à prix très intéressant, et qu’il était en train de plancher avec un architecte sur les plans de leur nouvelle maison, immense, avec des extérieurs 3 fois plus grands qu’auparavant… Toute la famille était surexcitée… sauf lui.
Le syndrome du fils/gendre idéal
L’exemple de Fabrice est extrême, la plupart du temps derrière les considérations matérielles se cachent en fait une appréhension : aller à la découverte de soi, suivre ses désirs profonds.
Accéder à l’aisance matérielle est un signe extérieur de réussite. Mais de nombreux hommes qui ont suivi cette voie finissent par ressentir une sensation de frustration, d’ennui, ou d’étouffement.
Ils ont réussi et répondu à toutes les attentes que l’on pouvait avoir pour eux – quelle mère ou quel père ne vous parle pas avec fierté de son fils qui gagne bien sa vie et s’est fait construire une belle maison ? – mais en chemin ils ont perdu quelque chose d’essentiel, leur liberté et le contact avec celui qu’ils sont vraiment.
Quand je les questionne sur leurs passions, ils ne savent pas vraiment quoi me répondre. Souvent le travail occupe toute la place. Ils peuvent passer leur temps libre à faire plaisir au grand-père qui a besoin d’un coup de main pour choisir l’appartement au bord de la mer qu’il veut acheter, au cousin qui va déménager etc., ou alors le passer avec leur groupe d’amis qui se voient chaque semaine.
Leur espace personnel est réduit à néant, ils savent ce que les autres attendent d’eux, mais eux-même, que désirent-ils vraiment ?
Et insidieusement, une sensation d’oppression les gagne, et s’ils tentent de la refouler encore et encore par peur de l’écouter, ils en arrivent au burn out.
La peur de la réaction des autres… et de l’échec
Quand ils touchent du doigt une envie, immédiatement le conflit émotionnel surgit : comment va réagir ma femme, mes parents, mes amis, si je leur dis que… je vais démissionner pour monter ma boîte ? Que cette grande maison ne me fait pas rêver mais que je préférerait tout vendre et partir voyager sac au dos ? Que ce qui m’a toujours attiré c’est la nature et que je rêve d’acheter une veille ferme à rénover et en faire des chambres d’hôtes ?
« Ils ne vont pas comprendre. Ils vont me traiter de fou. Me parler de tout ce que je risque de perdre pour ce qui n’est certainement qu’une petite crise de la quarantaine ! Que quand on a la chance d’avoir une si belle place dans une entreprise, on ne quitte pas tout sur un coup de tête. »
La peur qui surgit alors est palpable et si puissante qu’ils sont nombreux à stopper tout questionnement pour repartir dans le schéma familier dont ils connaissent tous les rouages, et où ils s’en sortent plutôt bien en fait.
Le risque à sortir des sentiers battus ce serait d’échouer. De perdre leur train de vie, l’image positive d’eux-même qu’ils ont réussi à construire au fils des années, la reconnaissance de leurs proches et de récolter… la désapprobation, les critiques, le rejet, et un sentiment brûlant et honteux d’échec personnel si leur projet ne fonctionne pas si bien que souhaité.
Derrière la peur se cache la fierté et la puissance intérieure
Messieurs, ne laissez pas cette peur paralysante vous contrôler. Vous arrivez ici à une étape cruciale de votre vie qui vous pousse à vous réconcilier avec votre vulnérabilité intérieure. A entrer en contact avec ces sensations tellement inconfortables que sont la peur, le manque de confiance en soi, voire la dévalorisation personnelle.
La vie vous apporte ces épreuves pour vous permettre d’apaiser ces angoisses en vous, de les dompter, et d’accéder à votre véritable masculin.
Plus vous évitez ces émotions, plus elles se renforcent et vous menacent.
Le secret est de les laisser progressivement remonter, et de vous laisser traverser par elles dans un lieu où vous serez en sécurité et certain de ne pas être jugé.
Plus vous acceptez vos zones de vulnérabilité, plus vous vous renforcez et devenez solide et affirmé.
Et je vais vous dire une chose : c’est la crainte la plus ancrée chez chacun des hommes que je rencontre. Et c’est ce qui leur fait appréhender les ateliers en groupe que je leur propose pour renforcer ce travail sur leurs émotions.
Oser se montrer vulnérable à d’autres et risquer l’humiliation.
Quand vous êtes bien accompagné et que vous vous risquez à traverser le gué, vous n’imaginez pas la libération qui se met ensuite en place et la puissance intérieure que vous développez…
Quant à vous Mesdames, ne croyez pas que cela ne vous concerne pas ! Car certaines d’entre vous fonctionnent avec un masculin fort, alors courage, et avancez vers la réconciliation avec votre féminin et toute sa beauté, vous n’en rayonnerez que davantage…