Sortir de sa zone de confort : oui mais avec précaution
Ce que l’on ne vous dit pas sur la zone de confort !
Les magazines de développement personnel parlent beaucoup ces derniers temps de notre zone de confort et invitent à en sortir et affronter l’inconfort pour atteindre une vie plus heureuse et épanouie.
On trouve par exemple ce type de schéma un peu partout :
Bien que je sois d’accord avec une partie de l’idée transmise ici, il manque selon moi une partie très importante qui est la zone de danger et qui change radicalement la lecture de la situation et des blocages qui peuvent nous empêcher de sortir de cette zone de « confort ».
L’entrée dans cette zone marque le seuil au-delà duquel vous dépassez votre capacité à maîtriser suffisamment l’inconfort, et vous basculez dans une perte de contrôle qui risque de vous mener à retraumatiser une partie de vous fragilisée par le passé.
Je parle de cette partie de vous qui, justement, a peur et tente de rester protégée à l’abri non pas de sa zone de confort, mais plutôt de sécurité.
Aussi, je referai le dessin de cette façon :
Et je ne dessinerais pas un personnage serein assis dans son fauteuil, mais plutôt éteint et anxieux. Mais je vous en reparlerai plus bas.
La zone d’apprentissage représentée en orange sur le premier dessin n’existe pas au départ, lorsque vous vous risquez hors de votre zone de sécurité.
Il n’y a que la zone de peur en gris/jaune.
Puis, peu à peu, vous l’apprivoisez et elle se transforme en zone d’apprentissage.
À condition de ne pas aller trop vite, ni trop loin.
Car si vous faites de trop grands pas rapidement, vous risquez de vous diriger dans un espace où vous ne maîtrisez plus rien et où le risque traumatique est bien présent et plus ou moins grand selon l’intensité du choc.
La zone de danger brise toute confiance en soi
Pour cela, il vous suffit d’imaginer votre enfant qui apprend à faire du vélo sans roulettes (ou du ski).
Sur cette photo, on voit que ce petit garçon est très concentré et pas tout à fait rassuré. Il affronte ses appréhensions, tout est nouveau et il essaie d’apprendre à tout coordonner.
Son père est avec lui et peu à peu il prend confiance en lui. Ses peurs s’estompent et le plaisir de maîtriser son beau vélo apparaît…
Ici il entre dans la zone d’apprentissage représentée en orange sur le premier schéma.
Parce qu’il découvre qu’il maîtrise suffisamment bien son vélo, et que la joie commence à s’accompagner de fierté !
D’ailleurs, si on va plus loin, à s’aperçoit que ce jeune garçon a des roulettes à son vélo !
Même avec des roulettes, c’est déjà un sacré challenge pour lui que d’apprendre à s’en servir et qu’il lui a fallu surmonter une bonne dose de stress au démarrage.
C’est cette expérience qui renforce sa confiance en lui : il est en sécurité, son père est avec lui et il a confiance en lui. Les étapes restent dans sa zone de maîtrise même s’il a un peu peur et qu’il n’est pas à l’aise, mais peu à pu l’excitation le gagne et il devient fier de maîtriser quelque chose de nouveau.
En revanche, si son père le poussait trop vite à accélérer alors qu’il n’en est pas prêt et qu’il aurait d’abord besoin de s’exercer un peu plus longtemps à une vitesse plus modérée, ou si la route devant lui l’emmenait soudainement dans une pente et qu’il se retrouvait pris par la vitesse du vélo, sans savoir freiner, vous imaginez d’avance ce qu’il va se passer : il va chuter. Plus ou moins fortement.
Et la douleur, ajoutée à la peur, risque de lui retirer toute envie de refaire du vélo pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Surtout s’il se cogne la tête ou se casse un bras.
Dans ce cas de figure, en allant trop vite, il aurait traversé la zone de peur pour se précipiter dans la zone de danger qui n’existe pas dans le premier schéma. Or, elle est bien réelle, et c’est sa présence qui explique les blocages que nous avons tous à certains endroits dans notre zone de sécurité.
Quand on entre à ce moment-là dans la zone de danger, l’effet est inverse : on perd brutalement confiance en soi à tel point qu’ensuite on a terriblement peur d’y retourner.
C’est ce qui se passe lorsque vous restez bloqué dans votre zone de confort, et que vous avez du mal à en sortir.
Ce serait plus juste de considérer qu’il ne s’agit pas tant ici d’une zone de confort mais plutôt de sécurité.
D’ailleurs, c’est ce que l’on appelle familièrement sa carapace ou sa grotte.
C’est un endroit où vous trouvez refuge après avoir vécu un moment éprouvant qui vous a fait perdre confiance en vous et dans le monde qui vous entoure.
Quand vous avez peur de vous risquer au-dehors, et retenter une relation amoureuse après une rupture par exemple, ou rechercher du travail après un licenciement, ou encore vous réinscrire à un cours de peinture après avoir vécu un épisode de honte face à un enseignant ou un groupe, c’est parce qu’à vos yeux il n’y a pas cette zone grise de peur, il n’y a qu’une zone rouge de danger.
Vous passez directement d’une zone de sécurité à une zone de danger important. Et, logiquement, une partie de vous freine autant qu’elle le peut pour vous protéger.
La clé pour sortir de sa zone de confort c’est le plaisir de maîtriser une nouvelle compétence
Pour pouvoir réapprivoiser la vie, ses mouvements, les zones que vous connaissez moins et élargir votre zone de sécurité et de maîtrise, vous avez besoin de découvrir que la zone de peur peut être maîtrisable et gérable, et qu’elle ne va pas excéder vos capacités du moment.
Cela nécessite d’expérimenter cette sortie dans un contexte protecteur qui ne va pas vous emmener dans la zone de rouge de danger à nouveau.
Un petit garçon qui est tombé brutalement alors qu’il essayait d’apprendre à faire du vélo va avoir besoin d’aller tout doucement au début et de sentir son père proche et attentif, bienveillant avec lui.
Quand on sort de sa zone de confort et que l’on affronte ses peurs, le dosage est extrêmement important. Afin de rester dans cette zone médiane qu’est la zone de peur et de parvenir à construire progressivement la zone d’apprentissage et de plaisir.
Je ne dis pas que l’on en doit pas doit pas tomber lorsque l’on apprend à faire du vélo ou du ski.
Les chutes sont inévitables lorsque l’on apprend quelque chose de nouveau.
Mais elles ne doivent pas être traumatisantes, surtout au début lorsque l’on n’a pas acquis suffisamment de confiance en soi.
Car la confiance en soi se construit pas à pas, et est aussi fragile au début qu’une petite pousse qui sort de terre et est très vulnérable à l’environnement.
C’est pour cela que l’on entoure d’un grillage les jeunes arbres que l’on vient de planter dans les jardins publics. Ils sont fragiles.
Plus vous avancez pas à pas dans votre zone de peur, avec précaution, et renforcez peu à peu votre confiance, plus alors se crée votre zone d’apprentissage.
Plus votre zone d’apprentissage se renforce, plus vous créez ensuite une zone de réussite. C’est vrai.
Ce schéma fonctionne tant que vous évitez une trop grande douleur et un trop grand inconfort. Il est nourri par le plaisir et la fierté.
L’excès dans le changement est un autosabotage lié à un désamour de vous-même
Mais ce qui n’est pas dit dans le schéma du haut qui circule partout, c’est qu’il est nécessaire de ne pas dépasser le seuil du danger/de l’inconfort, surtout au début. N’allez pas vous traumatiser en allant trop vite.
Attention à un excès d’euphorie qui vous couperait les ailes et détruirait toute confiance en vous.
Avancez pas à pas, avec patience et foi en vous. N’allez pas trop vite.
Ne détestez pas qui vous êtes aujourd’hui en voulant tout changer et devenir quelqu’un d’autre. Car c’est ce désamour de soi qui pousse à dépasser ses limites et à se faire mal.
D’ailleurs, l’excès dans le changement est une forme d’autosabotage, car il conduit à renforcer sa mauvaise estime de soi par l’échec qu’il provoque : « je ne suis bon à rien », « je rate tout », « tout le monde y arrive sauf moi »…
Il est dû à l’intériorisation d’une figure paternelle exigeante, qui vous pousse trop loin sans prendre en compte votre rythme interne, le rythme de votre enfant intérieur, ses capacités à l’instant t et ses peurs.
Vous avez besoin de construire en vous un père bienveillant et protecteur qui saura vous pousser à essayer, mais sans aller trop loin, qui saura freiner vos excès d’enthousiasme, et vous maintenir dans une zone de peur, puis d’apprentissage progressif.
Un père qui aime là où vous êtes et qui est fier de vous.
Ce père, on ne l’a pas toujours eu dans la réalité, c’est ce qui est à la source de nos peurs et de notre manque d’estime de nous-même dans certaines situations.
Alors on a besoin de le nourrir en soi, pour qu’il se développe intérieurement et puisse venir soutenir notre enfant intérieur et l’aider à guérir de ses blessures et grandir.
C’est ce que l’on appelle le reparenting.
Prendre confiance en soi et sortir de ses autosabotages, ça s’apprend !
Et c’est plus facile de l’expérimenter dans un cadre bienveillant et sécurisé.
Si vous voulez aller plus loin et être accompagné pour cheminer vers plus de légèreté et de confiance en vous, découvrez les ateliers en ligne et les stages en présentiel que j’anime :
- Groupe Croissance : Oser être soi
- Ateliers Surmonter ses autosabotages
- Ateliers Guérir son enfant intérieur
- Stage en présentiel d’une semaine à Calvi : Oser être soi
N’oubliez pas de cheminer avec beaucoup de douceur et de respect envers vous-même et l’enfant blessé qui a manqué d’amour et de protection alors qu’il était vulnérable.
Happiness is a journey…
Poret
4 mars 2024 @ 7:15 am
Après avoir suivi vos ateliers, ce schéma de la zone de confort m’éclaire encore plus sur la compréhension de mon parcours de vie.
Merci !