Combien de temps prévoir pour une thérapie ?
A l’issue d’un premier rendez-vous, comme je l’abordais dans un article précédent, la question que l’on me pose fréquemment est : « Pensez-vous que ce que je viens de vous exposer peut se guérir ?« .
La seconde question qui peut arriver aussi et que vous vous posez peut-être également est : « Combien de temps ou combien de séances faut-il prévoir ? ».
Et comme je vous l’expliquais un peu dans cet article, c’est quasiment impossible à déterminer à l’avance. Parce que le processus de guérison va dépendre de facteurs invisibles. Il va dépendre de la qualité de la relation qui va se tisser, et de votre capacité à faire suffisamment confiance à votre thérapeute pour lui dévoiler vos parts de vulnérabilités qui ont besoin d’être cicatrisées. Et votre système puissant de protection ne va pas baisser la garde avant d’être absolument certain que la personne que vous avez en face de vous est fiable et que vous êtes en sécurité avec elle.
Un processus qui se déroule par étapes
Mon expérience me montre que le processus de thérapie se construit étape par étape, et qu’en fait il est tout d’abord un processus de déconstruction.
Dans notre vie de tous les jours, et bien sûr dans toute relation, y compris celle avec un thérapeute, on a appris à masquer certains aspects de nous-même pour ne laisser apparaître que ceux qui nous semblent acceptables par les autres, ceux qui vont être aimés, pas trop jugés. Et on dissimule soigneusement tout ce qui pourrait générer des relations compliquées.
On porte donc une sorte de masque social. Et parfois, ce masque est tellement étendu qu’on le porte avec ceux qui nous sont pourtant très proches, comme notre famille, notre partenaire, nos enfants, et y compris nous-même. On peut se raconter une histoire sur qui l’on est, et rejeter énergiquement des parties de nous-même que nous n’aimons pas.
Or, ce sont ces parties rejetées, exclues, mal aimées, qui souffrent et tapent continuellement à la porte pour nous amener à les reconnaitre, les accepter et nous réconcilier avec elles.
Il peut s’agir de tristesses profondes, de honte, de colères, de peurs, qu’a pu vivre notre enfant intérieur et qui n’ont pas été accueillies, acceptées, et qui restent en errance tout au fond de nous et toujours aussi vivaces des décennies après.
Pour survivre, rester debout et avancer, l’enfant que nous étions, faute d’autres solution, a dû les enfermer dans un tiroir pour éviter qu’elles le submergent et le noient. Et il s’est mis à porter des masques, à devenir quelqu’un d’autre, à sourire alors qu’il pouvait être triste, à être fort alors qu’il se sentait vulnérable et épuisé.
Et ces masques ressemblent un peu aujourd’hui à des pelures d’oignon que nous avons aujourd’hui à défaire une à une pour aller à la rencontre de nous-même. Pour nous épanouir, devenir joyeux, enthousiaste, créatif, affirmé, etc. Toutes ces énergies positives que nous cherchons en entrant en thérapie sont tapies tout au fond, sous les pelures d’oignon, au cœur de l’oignon.
Et le processus de thérapie va constituer à les défaire une à une, afin de pouvoir laisser émerger cette belle énergie, ce rayonnement qui est là, bien vivant dessous.
La construction du sentiment de sécurité avec son thérapeute
Mais ces pelures constituent des remparts de protection qui nous ont été indispensables pour notre survie à une époque où les dangers et les douleurs étaient insupportables.
Et aujourd’hui encore ils veillent fidèlement, sans relâche. Et même si une partie de vous a décidé d’entrer en thérapie – votre cœur, votre sensibilité qui souffre ? – une autre, ces remparts campés sur leur position, solides et déterminés, n’ont pas l’intention de prendre le moindre risque. Ils vous aiment, ils sont votre chevalier au cœur de lion prêt à affronter tous les dragons pour vous. Ils ne laisseront personne susceptible de vous faire du mal approcher.
Vous comprenez donc qu’entrer en thérapie va activer un conflit intérieur invisible en vous. Entre la partie de vous qui espère que la relation avec votre thérapeute va être positive et que vous pouvez lui faire confiance, et une autre partie qui se méfie et reste barricadée dans son château-fort…
Vous allez donc être régulièrement amené à faire des allers-retours entre relâchement, sécurité et confiance, c’est-à-dire ouverture dans la relation avec votre thérapeute, et méfiance, réactivation de vos protections, et éloignement émotionnel pour vous protéger de quelque chose qui a pu surgir dans le lien et qui vous insécurise.
Et comme je vous le disais dans cet article, chaque insécurité va réveiller votre chevalier, qui va verrouiller le pont-levis de votre château-fort, et une importante part de votre travail thérapeutique va consister à rétablir le lien, la discussion avec votre thérapeute pour déterminer s’il est quelqu’un de fiable pour vous ou non.
Et votre chevalier a raison : il n’est pas question de réactiver dans le lien un trauma passé qui pourrait vous mettre par terre pour un bon moment. Vous avez donc réellement besoin d’être précautionneux et de vous assurer que les personnes à qui vous vous ouvrez vont faire bon usage de ce que vous leur confiez. C’est-à-dire vont vous accueillir avec amour, bienveillance et consistance.
Donc vous comprenez que l’image des pelures d’oignon représentent tout ce cheminement à faire pour baisser votre garde et faire entrer dans votre monde cet étranger que vous allez rencontrer lors de ces séances.
Laisser remonter la lumière mais aussi l’obscurité
Mais ce n’est pas là le seul obstacle au processus de thérapie qui va déterminer sa durée. L’autre problématique a à voir avec vos blessures passées que vous avez à guérir.
En effet, quand vous enlevez une à une ces pelures d’oignon, votre enfant intérieur réapparaît, avec toute sa joie de vivre, ses élans, son enthousiasme, son rayonnement…
Mais il ne remonte pas seul. Il va surgir avec toutes les blessures qu’il porte, et au début ce sont surtout elles que vous allez ressentir arriver dans votre vie, bien avant la joie, l’énergie et la fougue.
Ce qui veut dire que lorsque vous commencez à travailler sur ce qui étouffe votre élan vital, et que le processus se met en place avec votre thérapeute et fonctionne, ce sont d’abord des douleurs des angoisses, du mal-être, et des émotions lourdes qui remontent.
Aussi, si vous allez consulter alors que vous êtes déjà submergé par toutes ces émotions, le contact avec votre thérapeute et son écoute vont immédiatement vous faire du bien et vous soulager.
Mais si vous êtes à peu près équilibré, que vos remparts sont solides, que votre chevalier est vaillant, mais que vous allez consulter parce qu’une voix en vous sent que vous tournez en rond et que vous en avez besoin, il va falloir passer par une phase où ce mal-être enfoui va devoir remonter pour guérir, et ce n’est pas nécessairement confortable.
Guérir, c’est souvent avoir à percer un abcès dont on n’a pas très envie de s’approcher, pour que ce qui alimente une infection émotionnelle en vous puisse s’écouler, se purifier et cicatriser.
Là aussi, un conflit intérieur va surgir entre la partie de vous qui sent que c’est le bon chemin, et celle qui a peur de laisser remonter à la surface toute cette obscurité, ces douleurs passées…
Vous le voyez, entrer en thérapie n’est pas un long fleuve tranquille, c’est un voyage. Un voyage vers le centre de vous-même, un voyage vers votre enfant intérieur au cours duquel vous aurez à devenir une mère bienveillante et un père protecteur et affirmé pour votre enfant blessé. Pour qu’enfin il puisse grandir et s’épanouir, et que ses éclats de rire puissent résonner dans votre vie d’aujourd’hui.
Courage, c’est un très beau voyage qui vous rendra fier de vous et vous permettra de devenir un héros beau et courageux.
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