Devez-vous changer de thérapeute ?
Dans un article précédent, j’ai évoqué ce à quoi vous pouvez être attentif lors du choix de votre thérapeute et les indices qui vont vous permettre de sentir si la relation avec lui vous sera bénéfique à l’issue du premier rendez-vous.
Ici, je voudrais aborder un autre point, qui concerne les difficultés qui peuvent surgir au fil des séances, et comment y réagir. En effet, si vous avez débuté des séances régulières avec votre thérapeute, il arrive fréquemment un moment du processus thérapeutique où un malaise peut apparaître dans la relation.
Classiquement, cela se manifeste par une baisse de votre motivation à vous rendre à vos rendez-vous, un questionnement sur l’utilité réelle de ces séances, ou des émotions ambivalentes qui apparaissent vis-à-vis de votre thérapeute : de la contrariété par exemple, de la méfiance, la sensation qu’il ne s’intéresse pas véritablement à vous, etc. Tout ce qui peut abîmer le lien entre vous et vous éloigner peu à peu.
Il ne faut pas négliger ces réactions en vous, car elles risquent de s’accentuer avec le temps, et il est important d’y porter votre attention et d’en parler avec votre thérapeute. Bien sûr, ce n’est pas facile ni confortable. C’est justement pour cela que c’est essentiel, car un enjeu important se joue pour vous, ou se rejoue peut-on dire dans le lien, et la fuite va vous détourner de ce que vous avez d’important à travailler et qui se manifeste au cours de votre processus thérapeutique.
Pourquoi est-ce si important d’en parler avec lui/elle et comment s’y prendre ?
Dans cet article je voudrais partager avec vous ma perception des enjeux qui peuvent se nouer dans cette relation si essentielle pour votre guérison, et comment y voir plus clair dans tout ce qui se produire de compliqué et inconfortable au cours d’une thérapie.
Quand les doutes s’installent
Il vous est certainement arrivé, et il vous arrivera peut-être encore, de vous demander si vous devez poursuivre votre thérapie ou non. Votre thérapeute vous aide-t-il vraiment ? Cet espace auquel vous consacrez du temps et de l’argent vous est-il bénéfique ?
Cette question est hautement importante et complexe car le processus thérapeutique va nécessairement vous faire passer par différentes étapes qui mettront parfois à mal le lien et qui sont inévitables pour votre croissance et votre guérison.
Cependant, il arrive aussi que les séances tournent à vide, voire que ce qui se passe avec votre thérapeute ne soit pas bénéfique du tout et répète une partie douloureuse de votre histoire.
Si vous ne vous sentez pas écouté, si vous avez le sentiment que votre thérapeute ne se rappelle pas de ce que vous lui avez dit la semaine dernière, ou qu’il s’ennuie ou ne s’intéresse pas à vous, il y a un problème important dont il faut parler avec lui pour déterminer si ce sont vos angoisses qui vous donnent cette perception ou si c’est bien une réalité qu’il faut entendre.
C’est la même chose si vous allez le voir depuis des années et que vous ne sentez aucune progression, que votre situation stagne sans évoluer réellement. Un thérapeute n’est pas un doudou, ni une mère ou un père de substitution, que l’on va voir pour se réconforter et dont on devient dépendant. Lorsque cela se produit, c’est que la thérapie échoue à vous faire travailler quelque chose de très important, et il faut se questionner sur ce qui se passe, ou ne se passe pas…
Il est tout à fait possible que vous n’ayez pas en face de vous la bonne personne pour vous faire cheminer sur ce point. Et c’est important de ne pas fuir ce sujet mais d’y faire face calmement en ayant confiance en vous et en vos ressentis.
Echanger avec son thérapeute sur ce qui vous met mal à l’aise ou en doutes
Lorsque des tensions surgissent, il est souvent très tentant soit de les mettre sous le tapis et de les ignorer, soit de quitter son thérapeute en prétextant un empêchement pour annuler la séance suivante et ne jamais y retourner sans avoir de discussion avec lui sur ce qui ne vous convient pas, sur ce qui vous a peut-être heurté, rendu triste ou en colère à son égard.
Mais vous n’allez pas aimer ce que je vais vous dire ici : c’est une tentation mauvaise conseillère… Fuir les situations inconfortables ne contribuent qu’à les faire revenir demain et les renforcer. Car tout ce qui se produit lorsque vous engagez une action importante pour vous, aux enjeux forts pour votre vie, comme entrer en thérapie, a un sens, y compris et surtout ce qui est inconfortable. Cet événement répond en fait au vœu que vous avez formulé en débutant ce travail.
Ce que je veux dire par là, c’est que vous avez souhaité aller mieux sur un certain point. Et vous avez décidé de choisir un thérapeute et de débuter un travail personnel avec lui/elle. Dans le meilleur des cas, vous réussissez à cheminer au sein d’une relation idéale où tout se passe bien. Mais ce n’est pas le cas le plus fréquent. Il arrive aussi que la difficulté pour laquelle vous consulter se répète dans le lien avec votre thérapeute. C’est tout à fait fréquent et normal.
L’apparition de cette difficulté fait donc partie intégrante de votre processus de guérison. Il est donc essentiel d’accepter son apparition, de réussir avec vos moyens à l’exprimer à votre thérapeute pour pouvoir en discuter avec lui, qu’il en prenne conscience et puisse vous aider à la surmonter.
Si au contraire, vous préférez éviter d’aborder le problème parce que cela vous angoisse ou vous met particulièrement mal à l’aise et que vous choisissez d’effectuer une pirouette en ne revenant plus sans rien dire, même si cela vous soulage sur le moment, cela va au final vous desservir. Pour le dire plus simplement : c’est reculer pour mieux sauter. En effet, tout ce qui a été douloureux ou inconfortable pour vous et non résolu va se répéter, encore et encore, jusqu’à ce que vous réussissiez à le résoudre. C’est-à-dire jusqu’à ce que vous réussissiez à vous exprimer et à trouver une issue favorable pour vous, dans laquelle vous vous respectez et prenez votre place de façon juste.
Donc, lorsque votre thérapie semble prendre une mauvaise tournure, et qu’une colère monte, ou une insatisfaction, ou même un ennui ou un inconfort, ne prenez pas la voie rapide de la fuite.
Prenez votre courage à deux mains, et parlez en.
Il est certain que tout cela ne se produit pas par hasard, et que la vie vous envoie cette difficulté pour vous amener à travailler quelque chose d’important pour vous. Et ce quelque chose, c’est certainement entre autres le fait de vous exprimer, de faire entendre ce qui ne va pas pour vous, vous inquiète, vous met en colère ou vous laisse un sentiment de trahison ou de déception.
Votre thérapeute n’est pas n’importe qui. C’est la personne en qui vous avez placé votre confiance pour avancer sur des sujets éminemment importants pour vous. Symboliquement, c’est une figure parentale, quelqu’un qui est censé détenir une sagesse et un pouvoir de guérison pour vous.
Rassemblez donc tout votre courage pour lui dire ce qui ne va pas pour vous.
Essayez, si vous le pouvez, de le lui dire de la façon la plus posée et calme possible. Et si vous n’y arrivez pas, ce n’est pas grave, vous faites de votre mieux et c’est déjà un immense courage que d’avoir essayé de lui lancer une perche. A lui/elle de la saisir comme il/elle le pourra.
Ce qui se rejoue en thérapie
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a qu’une seule façon de guérir et de se libérer réellement d’une situation douloureuse, c’est de la revivre dans le présent et d’en changer le résultat.
Autrement dit, pour apaiser une tristesse, une colère, un sentiment de solitude, de trahison, du désespoir etc., vous allez à un moment donné devoir laisser cette émotion du passé remonter, soit en en parlant à votre thérapeute, soit parce qu’elle va se trouver réactivée malgré vous dans votre quotidien ou dans la relation avec votre thérapeute.
C’est ce qui se passe lorsque vous soupçonnez votre thérapeute de ne pas vous écouter, d’être irrité par ce que vous dites, de n’être intéressé que par l’argent que vous lui versez, d’être insensible à la douleur que cela crée en vous lorsqu’il s’absente pour ses congés, etc.
Il se peut que ce soit le fruit de vos angoisses, c’est-à-dire que ce n’est pas réellement ce que ressent votre thérapeute, et le fait de lui en parler va permettre d’engager un dialogue sur ce point très important pour vous, de vous rassurer et de renouer une relation avec lui de confiance encore plus solide.
Comme il se peut que vos craintes se confirment, c’est-à-dire que se rejoue ici à l’identique une blessure passée. C’est-à-dire que votre thérapeute n’ait pas suffisamment travaillé sur lui pour rester en lien avec vous au moment où un événement essentiel de votre histoire se rejoue avec lui. Il n’arrive plus à rester disponible pour vous, accueillant, bienveillant, sincèrement intéressé par ce que vous lui partagez.
C’est alors la réponse qu’il va vous faire lorsque vous lui partagez votre ressenti qui va vous permettre de décider si cette relation vous est bénéfique ou non, et s’il est utile et important de la maintenir ou plus sage de l’interrompre pour aller chercher quelqu’un d’autre.
Dans le meilleur des cas, il va pouvoir vous entendre et renouer le lien avec vous, en travaillant sur lui dans son propre espace thérapeutique et sur ce qui s’est rejoué pour lui aussi avec vous.
Malheureusement, si vous sentez que vous n’êtes pas entendu, qu’il vous répond des platitudes, ou pire qu’il vous culpabilise et vous adresse de la dureté ou du rejet, alors ne restez pas plus longtemps dans cette relation qui va devenir toxique. Vous avez le droit et vous devez écouter votre enfant intérieur qui se sent malmené, et mettre fin au travail engagé qui touche là à ses limites avec la personne que vous avez choisie.
Cette situation qui se termine par une séparation ne vous aura pas faire perdre votre temps pour autant. Loin de là.
En effet, vous aurez revécu une situation du passé et lui aurez donné une nouvelle issue. En mettant fin à une relation qui ne vous est pas bénéfique, vous prenez soin de vous, vous vous affirmez, et protégez votre enfant intérieur. En d’autres mots, vous construisez en vous un parent intérieur protecteur et bienveillant qui veille aux besoins de votre enfant intérieur. Et cela, c’est éminemment thérapeutique.
Et vous pouvez être certain que peu à peu, vous vous dirigerez ensuite vers des thérapeutes de plus en plus adaptés à vos besoins, avec qui le lien sera chaque fois plus profond et bénéfique.
Vous faites là un travail invisible qui consiste à vous reconnecter avec votre enfant intérieur, à apprendre à l’écouter et à prendre soin de lui aujourd’hui en tant qu’adulte.
Vous le comprenez, aucun moment difficile de votre n’est en réalité un échec. Chaque fois ces événements vous invitent à vous positionner, à prendre de nouveaux chemins plus bénéfiques pour vous. Ils vous invitent à retrouver votre pouvoir intérieur et à prendre conscience des bons choix à faire pour vous.
Toute la difficulté est de comprendre le sens des obstacles et douleurs qui se présentent, leur raison d’être sur votre chemin. Donc, de garder la flamme allumée en vous quand vous ne percevez que de l’obscurité tout autour. Tout est équilibre, tout le temps, partout, même au cœur de la tempête.
Il me reste à vous souhaiter un joyeux et épanouissant chemin dans votre travail personnel, de belles rencontres, et du courage pour aborder chaque obstacle avec philosophie et espoir en la vie.
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