Ces loyautés inconscientes qui vous ligotent
L’autosabotage quel qu’il soit trouve ses fondements dans une mauvaise estime de soi, c’est le levier principal sur lequel vous pouvez agir pour commencer à vous libérer de son emprise sur votre vie.
Cela signifie concrètement améliorer votre image de vous-même, apprendre à vous aimer davantage, à vous aimer mieux, à cesser de faire passer vos besoins après ceux des autres, cesser de vous dénigrer, de vous effacer. Apprenez à prendre votre place et à vous affirmer positivement. Faites-vous plaisir. Pensez à vous. Faites-vous des petits cadeaux. Soyez doux avec vous-même…
Néanmoins, je vous disais aussi qu’un autre facteur intervenait dans l’action des autosaboteurs, à savoir vos loyautés inconscientes.
Vous savez ce qu’est une loyauté : c’est le fait de se montrer fidèle à quelqu’un ou à une cause. Et c’est une valeur haute, qui témoigne d’une grande qualité d’engagement et d’honnêteté. Mais dans le cas présent, cette loyauté finit par vous nuire, car elle se fait à votre détriment. Vous préférez rester fidèle à quelqu’un, et faire passer ses besoins en priorité, quitte à ce que cela n’ait des conséquences négatives sur votre vie.
C’est ennuyeux.
Quand un choix se présente, vous préférez faire passer les intérêts des autres avant les vôtres. Et au bout du compte, vous finissez par rester au bord de la route. Votre souci des autres, votre altruisme, finit par se retourner contre vous car il est poussé à l’excès.
Une impossibilité de se séparer
Comme toute chose qui se retourne contre soi quand elle est présente en excès, votre loyauté témoigne d’un excès de maternel, de Yin, au détriment de votre pôle Yang. Ce que je veux dire par là, c’est qu’un déséquilibre s’est installé entre vos pôles féminin et masculin.
Et quand le féminin se retrouve en excès, il devient néfaste. Il vous empêche notamment de vous affirmer, et de prendre les bonnes décisions, celles qui nécessitent de couper des liens qui sont devenus toxiques, ou de vous éloigner un moment de façon à vous aérer et à y voir plus clair. L’excès de féminin vous plonge dans des sentiments de culpabilité exacerbés qui empêchent les séparations utiles, bénéfiques, sources de croissance, et il génère des anxiétés massives et paralysantes.
Prenons l’exemple d’un oiseau qui a grandi en sécurité dans son nid. Arrive un moment où il doit finir par s’envoler pour poursuivre sa vie et sa croissance. Un ailleurs l’appelle. Mais s’il est ligoté par la culpabilité, la peur, et le manque de confiance en lui, et qu’il ne se décide pas à quitter ce nid devenu inadapté, vous percevez bien qu’il va finir par étouffer et développer un mal-être profond.
Voilà ce que sont les loyautés familiales. Ce sont des liens invisibles qui nous maintiennent collés aux figures de notre enfance, et dans l’incapacité de nous autoriser à prendre notre envol et à vivre notre vie, ailleurs, et avec d’autres.
Ce détachement devrait se faire naturellement, mais quand il ne se fait pas, c’est parce qu’une interdiction invisible plane au-dessus de notre tête. Notre autosaboteur, celui qui est angoissé et veut nous protéger à tout prix des conflits, perçoit très clairement un message familial qui nous est adressé : « tu n’as pas le droit de… partir, nous abandonner, vivre ta vie, réussir, etc. ».
Le message peut être formulé de façon plus insidieuse. Il peut par exemple prendre la forme d’un dénigrement répété régulièrement qui détruit la confiance en soi, qui « coupe les ailes » : « tu n’es pas capable de…, tu ne sais pas gérer ceci…, faire correctement cela…, ton frère (ou ta sœur) est plus doué, plus compétent, plus débrouillard…etc. ». Ce qui revient à dire, « tu ne peux pas te débrouiller tout seul, et donc tu as besoin de moi, ou d’un autre. »
Que le message soit « tu ne peux pas ou tu n’as pas le droit de grandir », il exprime une interdiction d’autonomie.
Et pour s’envoler malgré tout, il faudrait braver cet interdit et s’exposer aux représailles. C’est la raison pour laquelle des angoisses massives peuvent vous envahir au moment où vous envisagez d’avancer dans vos projets. Des peurs irraisonnées peuvent surgir et prendre le contrôle de votre esprit. Tout ceci n’est que le symptôme d’un lien d’enfance qui ne réussit pas à se couper et vous retient prisonnier.
Cette scène se joue bien entendu dans l’inconscient familial, à l’insu de tous. Rien n’est dit explicitement, mais le message circule et œuvre insidieusement.
Une carence du masculin dans l’équilibre familial
Comme je vous le disais, tout ceci se produit en raison d’un déséquilibre entre féminin et masculin. Le féminin, dans votre histoire familiale, a pris trop de place, au détriment du masculin. Et celui-ci ne joue plus son rôle de tiers séparateur.
Le père a en effet un rôle majeur dans la croissance et l’épanouissement de ses enfants. C’est lui qui les pousse à grandir, à oser, à dépasser leurs limites, à aller à la découverte du monde à l’extérieur du cocon familial. Les mères au contraire sont plus anxieuses et soucieuses de protéger leurs enfants. Elles anticipent les dangers, et les ramènent à l’abri pour panser leurs blessures.
Quand je parle de père et de mère, je parle ici des rôles paternel et maternel. Une mère peut incarner l’aspect paternel et inversement. Un père peut materner ses enfants à certains moments, et une mère peut les encourager et les soutenir dans leurs aventures hors de la maison. Mais ce que je veux souligner ici, c’est que chacun a un rôle primordial à jouer, et que dans notre société actuelle, le maternel a pris progressivement une place prépondérante, au détriment du paternel. Et les autosabotages en sont le symptôme.
Que nous soyons homme ou femme, nous grandissons en ne bénéficiant pas suffisamment du soutien masculin dont nous aurions besoin pour construire notre force intérieure, notre assurance, notre capacité à faire des choix libérés du jugement des autres. Notre colonne vertébrale n’est pas suffisamment affermie, nous avons du mal à nous redresser et à faire des choix lucides et courageux. L’angoisse est présente et nous insécurise à des moments-clés.
D’une façon ou d’une autre, si vous constatez que des autosaboteurs sont présents dans votre vie, cela indique que vous maintenez des liens affectifs trop étroits avec vos parents et que vous ne vous êtes pas complètement autorisé, ou n’avez pas réussi, à les « quitter » symboliquement pour vivre votre vie de façon libre et indépendante.
Peut-être continuent-ils à vous aider financièrement de temps à autre, ou leur demandez-vous leur avis concernant des points importants de votre vie. Ils s’occupent peut-être très régulièrement de vos enfants, ou au contraire vos liens sont distendus et vous souffrez d’une blessure profonde liée au manque d’affection dans la relation avec eux depuis toujours.
Dans tous ces cas de figure, l’enfant en vous est resté dépendant affectivement d’eux et n’a pas suffisamment grandi pour pouvoir se détacher naturellement. Soit qu’il est retenu et empêché de s’envoler, soit qu’il souffre d’une carence et attend encore et toujours que ses besoins soient comblés sans pouvoir en faire le deuil.
Apprendre à se séparer pour pouvoir avancer
Dans le film All I wish de Susan Walter, et comme je le développe longuement dans mon livre Le Complexe de la Tortue, Senna entretient avec sa mère une relation fusionnelle qui l’empêche de déployer ses talents et de s’épanouir, à la fois sur le plan professionnel et amoureux. Sa mère occupe en effet trop de place dans sa vie.
Pour des raisons complexes trop longues à développer ici, sa mère a besoin d’occuper une place centrale dans la vie de sa fille. Un vide immense l’habite en tant que femme ; et en devenant mère, elle a trouvé un réconfort qui l’a empêché d’accepter que Senna, en devenant adolescente, puis adulte, puisse progressivement s’éloigner et vivre sa propre vie.
Inconsciemment, elle retient donc Senna auprès d’elle et l’empêche de prendre sa propre place de femme et de s’épanouir. Il faudra donc que Senna mobilise en elle une énergie et une détermination puissante pour oser repousser sa mère, doucement mais fermement, et suivre ses rêves.
C’est ainsi au moment où elle coupe ce lien avec sa mère et prend une décision qui l’engage professionnellement, que sa vie soudainement se met à évoluer et que tout lui réussit. Un déclic s’est produit dans la tête de Senna et lui a permis de couper symboliquement ce lien d’attachement devenu toxique depuis trop longtemps.
Vous libérer de ces liens nocifs va vous demander de vous affirmer fermement sans culpabiliser
Prenez donc le temps de vous demander où vos loyautés vous desservent dans votre vie. À quel moment avez-vous peur de vous affirmer, de dire non, ou de blesser la personne qui se trouve en face de vous ? À quel moment cédez-vous alors que vous devriez tenir bon ?
Notez chaque mini événement du quotidien où cela se produit, et prenez une grande inspiration, car il va vous falloir revenir voir cette personne et modifier votre réponse, pour cette fois-ci honorer la personne que vous êtes en vous positionnant de façon respectueuse de vos besoins. « J’ai bien réfléchi et en fait… »
Vous avez le droit de changer d’avis, après avoir pris du recul et pesé les conséquences de vos paroles. Revenez sur vos pas, comme vous gommeriez un mot sur le papier pour le remplacer par un autre plus juste.
L’important pour vous, maintenant, c’est de poser des paroles et des actions justes.
Agir de façon juste, c’est occuper pleinement votre place, et soutenir l’enfant apeuré en vous qui a besoin que l’adulte que vous êtes aujourd’hui le défende et soit ferme et rassurant face à la situation qui l’impressionne. Quand vous êtes angoissé ou que vous tremblez à l’idée de dire non, c’est en réalité cet enfant en vous qui a peur et qui tremble.
Il a besoin de vous. De votre force, de votre courage.
Il a besoin que vous soyez ce père solide et rassurant, dont il a manqué, qui va être présent pour l’encourager à déployer ses ailes et à s’envoler…
Vous en êtes capable.
Courage, pensez à ce que vous allez ressentir une fois là-haut, libre et fier de ce que vous aurez accompli.
Et pensez à vos enfants et à ce cadeau que vous leur faites en leur montrant comment vivre une vie d’homme ou de femme libre.
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