Le bonheur, au fond c’est quoi ?

Qu’est-ce qui nous rend heureux ? Et comment accroître notre niveau de bonheur ?

Voilà deux questions centrales qui nous questionnent de plus en plus depuis quelques décennies : depuis que le confort matériel et la sécurité se sont progressivement installés dans nos vies, depuis mai 68 qui a accéléré la rébellion contre les schémas patriarcaux ancestraux et a amené une libération individuelle, et depuis l’essor de la psychologie. Nous avons bien plus de liberté que nos parents et grands-parents dans nos choix de vie, et après avoir voulu être libre, nous voulons être heureux !

Oui !

… mais comment ?

What we want is happiness !

La notion de bonheur n’est pas si facile à définir et tellement subjective. Chacun a ses propres critères, ses propres priorités, ses propres convictions quant à ce qui le rendrait heureux…

Mais ce qui revient le plus souvent globalement c’est, pêle-mêle : un travail moins stressant, une promotion, plus de temps, plus d’argent, une maison plus grande, moins de fatigue, perdre quelques kilos, un conjoint plus attentionné(e), un bébé, de nouvelles relations amicales, plus de soutien familial etc.

« Je serais tellement plus heureux :

… si je gagnais 300 euros de plus par mois !

… si je pouvais m’acheter la voiture de mes rêves !

… si je pouvais travailler à 4/5è !

… si j’étais à la retraite !

… « 

On se leurre sur ce qui nous rendrait heureux

Or, et c’est là tout le paradoxe, aucune de ces réponses n’apporte véritablement un bonheur durable.

Tous nos vœux bien ancrés ne seraient que des illusions, et nous serions en train de courir après des chimères.

Car des études menées à ce sujet montrent clairement que le fait d’atteindre ces objectifs produit effectivement une augmentation de notre bonheur, mais de façon très ponctuelle, et que très vite, le niveau de bonheur baisse et revient à l’état antérieur.

les illusions du bonheur

Nous mobilisons donc notre énergie pour obtenir des choses et vivre des situations qui ne nous apporterons finalement pas le bonheur espéré. Nous avons un tas d’idées fausses sur ce qui pourrait nous combler !

L’explication vient du fait que nous nous habituons très vite à ce nouveau bonheur, à ces nouvelles conditions de vie qui deviennent au bout de quelques semaines quelque chose de « normal ». Spontanément notre désir va alors se porter sur autre chose, qui nous manque. Et la boucle est sans fin !

Nos désirs nous conduisent donc vers les mauvaises réponses : le bonheur n’est pas vraiment là où on le croit…

la quête du bonheur

D’ailleurs, de nombreux personnages publics possédant argent, plastique sans faille, notoriété, succès etc. souffrent souvent de dépression, présentent des addictions, traversent des divorces ou conflits familiaux douloureux, cherchent l’amour encore et encore, vivent des drames etc. Au cas où vous en douteriez encore, le secret du bonheur n’est souvent pas de ce côté… 😉

Faut-il en conclure que cette quête du bonheur est vaine et que si vous le cherchez, mauvaise nouvelle, vous ne seriez qu’un doux rêveur et qu’il va vous falloir redescendre sur terre… ?

Heureusement non ! Des gens heureux, il y en a bel et bien, et ils ont leurs secrets 🙂

Les attitudes spécifiques aux gens très heureux

Tout comme Richard Wiseman étudie depuis de longues années la notion de chance et le comportement des personnes chanceuses, Sonja Lyubomirsky dirige depuis plusieurs années le laboratoire de Psychologie positive de l’Université de Californie de Riverside. Elle utilise le même type de méthode : observer minutieusement les habitudes et comportements des personnes ayant atteint un niveau de bonheur sensiblement supérieur à la moyenne.

Ses études expérimentales ont montré que les personnes les plus heureuses présentent ces traits communs :

les secrets du bonheur
  • « Ils consacrent beaucoup de temps à leur proches et amis, cultivant les liens où ils trouvent du plaisir.
  • Ils n’ont aucune gêne à exprimer leur gratitude pour tout ce qu’ils possèdent.
  • Ils sont souvent les premiers à offrir leur aide à leurs collègues de travail ou à de simples passants.
  • Ils font montre d’optimisme lorsqu’ils imaginent leur avenir
  • Ils goûtent les plaisirs simples et s’efforcent de vivre au présent.
  • Ils pratiquent des activités physiques de façon hebdomadaire, sinon quotidienne.
  • Ils n’hésitent pas à mettre en œuvre un projet de toute une vie (combattre la fraude, devenir ébéniste, transmettre à leurs enfants les valeurs qui leur sont chères…).
  • Enfin, ces individus exceptionnellement heureux ont leur lot de crises, d’angoisses, parfois même de tragédies. Il leur arrive de s’émouvoir et de s’inquiéter comme vous et moi, mais ils ont une arme secrète : la stabilité et la force qui leur permettent de faire face aux circonstances. »

(extrait de Comment être heureux et le rester, augmentez votre bonheur de 40% !, Sonja Lyubomirsky, Marabout, 2008, p. 35.)

Les 40% de bonheur en plus

Avec son équipe, elle a mis en évidence que nous avons tous un « capital bonheur » de départ qui nous détermine toute notre vie. Ce sont les facteurs génétiques dont nous héritons qui vont influencer notre capacité ou non à être heureux à hauteur de 50%. C’est une aptitude au bonheur immuable que nous ne pouvons pas vraiment influencer dans un sens ni dans l’autre.

notre capital bonheur de départ

Quel que soit notre environnement, nos conditions de vie et les événements qui surviennent, notre niveau de bonheur sera le même avec cette base. Ce constat est issu d’études menées sur les jumeaux qui démontrent que nous naissons tous avec un certain capital transmis par nos parents qui va diriger tout au long de notre vie notre capacité à trouver le bonheur.

Les 10% suivants sur lesquels ont porté ses études sont ceux qui vont le plus à l’encontre de nos croyances. Il s’agit de nos conditions de vie et de toutes les circonstances existantes. Contrairement à ce que nous croyons souvent, notre sensation de bonheur ne va pas réellement être influencé par le « fait que nous soyons riche ou pauvre, en bonne ou en mauvaise santé, beaux ou laids, mariés ou divorcés, etc. » (p. 33). Cela a été démontré par le fait qu’un échantillon de personnes placé dans des conditions de vie identiques va déclarer un niveau de bonheur différent. Ce qui atteste de la faible influence – 10% – de ces éléments en réalité. Il y a d’autres facteurs qui influencent notre sensation de bonheur.

Ce que nous pensons être les facteurs principaux de notre manque de bonheur ne sont donc pas les principaux, du moins à partir d’un certain confort de vie. Ce n’est pas là qu’il nous faut agir.

Ainsi une étude menée par E. Diener, J. Horwitz et R.A. Emmons a constaté que les Américains qui gagnent plus de 10 millions de dollars par an présentent un niveau de bonheur à peine plus élevé que les salariés à leur service. Voilà des résultats qui contredisent la plupart de nos croyances profondes.

Ces 50% d’héritage génétique et 10% de contexte environnemental laissent donc 40% de facteurs autres influençant notre niveau de bonheur individuel. Et Sonja Lyubomirsky en a conclu que ces mystérieux 40% étaient liés à nos comportements. Inutile de vouloir changer notre capital bonheur de naissance, c’est vain !, ni de chercher à influencer en profondeur nos conditions de vie qui n’auront un impact que modéré sur notre joie profonde. Là où nous devons concentrer nos efforts c’est sur nos habitudes quotidiennes.

C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle :

Une bonne

parce que nous pouvons par nous-même augmenter notre niveau de bonheur de 40%,

simplement en apprenant ces nouveaux gestes comme on apprendrait un nouveau sport ou un nouveau métier !

Une mauvaise

dans le sens où cela va nécessiter des efforts répétés pour ancrer de nouvelles habitudes

et acquérir cette nouvelle capacité au bonheur inspirée par les personnes qui l’ont déjà acquise et nous montrent le chemin…

ces personnes très heureuses