Le face à face imposé avec soi-même
Confinement : le huis-clos
Nous voilà tous confinés à la maison, tous ensemble 24h/24 depuis plusieurs semaines.
Plus de réveil qui sonne pour démarrer la journée. Plus de départ à l’école ni au travail. Plus de retour de chacun le soir ni de course contre la montre pour le bain, les devoirs, le dîner à préparer.
Plus non plus de lundi ni de vendredi soir. Il m’est arrivé jeudi de me croire encore mardi… Mais quel jour sommes-nous… ?!
Nous vivons dans une sorte de long week-end qui s’étire sans fin programmée.
Nos repères habituels n’existent plus, et c’est là que l’on prend conscience de tout ce qui nous servait à équilibrer le quotidien.
Car sans ces repères, la crise de nerfs peut surgir au détour du chemin !
Avez-vous senti combien la perte de certaines habitudes pouvait vous mettre à fleur de peau ?
Ne plus pouvoir sortir librement, ni vaquer à ses occupations habituelles, ne plus avoir de temps pour soi, avoir des enfants en permanence à la maison qui demandent de l’attention, perdre tous les petits moments plaisants avec des amis ou des collègues de travail.
On se retrouve brutalement dans un face-à-face en huit-clos avec soi-même et avec ceux avec qui l’on vit, sans échappatoire possible.
J’ai ainsi lu une blague sur Facebook qui m’a fait beaucoup rire tellement elle est criante de vérité pour de nombreux parents :
« Si les scientifiques ne trouvent pas rapidement un vaccin, les parents vont s’en charger, moi je vous le dis ! »
Le confinement, met ainsi à jour notre besoin de nous échapper de ce contact permanent à la maison qui pourrait devenir oppressant, voire insupportable.
Pourquoi n’est-il pas facile de profiter de ce temps chez soi pour passer du temps les uns avec les autres simplement, pour jouer, partager des bons moments, cuisiner ensemble des bons petits plats dans la bonne humeur… ?
Privés de nos habitudes, un mal-être surgit
De son côté, mon voisin qui est à la retraite avec sa femme, et sans enfants à la maison, supporte de moins en moins bien d’être privé de sa liberté d’aller et venir, lui qui avait l’habitude de vadrouiller et d’aller bricoler pour ses amis, ou son gendre et sa fille.
Privés ainsi des habitudes qui dirigeaient notre quotidien, un vide surgit. Ou un trop-plein.
Trop-plein de contacts dans un espace confiné, ou trop plein d’angoisses, et d’insécurité face à l’avenir, d’un côté.
Vide d’occupation, de travail, de mouvements, de sens à nos journées, de l’autre.
Nous qui avions l’habitude de vivre à 100 à l’heure, nous voici du jour au lendemain à l’arrêt complet.
A partir du moment où l’on est privé de la course habituelle du métro-boulot-dodo, et où la montre et les déplacements ne rythment plus nos journées, on se retrouve un peu désœuvrés et désorientés. Et puis rapidement sous pression.
L’instant présent angoissant
Et si l’on y regarde de plus près, la pression que l’on subit, c’est celle du face-à-face avec nos proches, avec l’instant présent, et avec nous-même.
Le confinement nous contraint en effet, tout comme la méditation, ou la privation de tabac, de jeux vidéos, d’alcool, etc. à cette rencontre avec l’instant présent.
La course effrénée à la production, à la consommation, a été stoppée net.
Les activités humaines de la planète entière sont à l’arrêt, à tel point que la pollution disparaît des écrans radars et des images vues du ciel. Un scénario inimaginable il y a seulement quelques semaines en arrière.
Le temps est suspendu, il n’y a plus que l’instant présent, et la qualité de notre présence à nous-même et aux autres, entre les quatre murs où nous vivons.
Autant de choses assez étrangères à notre vie moderne faite d’activisme et d’extériorité. Une vie et une société actuelle sous la domination du Yang.
Le Yin, cet inconnu…
Or, le confinement nous impose ce face-à-face intérieur pas toujours désiré, ni confortable : aller à la rencontre de notre Yin.
Rappelons-nous que l’Univers nous envoie toujours des épreuves qui visent à nous rendre plus sage, plus apaisé, plus lumineux et plus conscient de qui nous sommes réellement, profondément.
Or l’épreuve actuelle que nous traversons, le fait d’être ainsi obligés de nous arrêter et de rester chez soi, nous oblige à entrer en contact avec notre Yin.
Et le Yin, ce n’est pas seulement le calme, l’accueil, l’écoute, la réceptivité… c’est aussi l’obscurité, le chaos, l’informe.
Pour permettre à la Lumière de percer, et au chemin de se tracer devant nous, il est nécessaire au préalable d’accepter de traverser des zones d’ombre et de laisser remonter l’inconfortable, l’angoissant.
C’est ce qui amenait Chögyam Trungpa Rinpoché à dire : “Le chaos doit être considéré comme une excellente nouvelle.”
Quand le chaos arrive, cela signifie que l’Univers nous invite à entrer dans un processus de transformation intérieure.
Débordement émotionnel : la bonne nouvelle
On peut croire que le chaos qui surgit dans nos vies – la fatigue, l’angoisse, l’irritation – est la conséquence du confinement. Mais c’est une erreur de perception.
Ce n’est pas le confinement qui, en réalité, crée ce stress émotionnel. Il pré-existait. Il était là, avant la crise du coronavirus, mais caché.
Que ce soit un vide intérieur qui resurgisse aujourd’hui, ou un débordement émotionnel, c’était là en nous, mais nous ne le ressentions pas parce qu’il était masqué par nos activités quotidiennes.
C’est l’empêchement brutal de ces activités qui le rend visible.
C’est pourquoi ce chaos qui remonte à la surface est une bonne nouvelle, car c’est une opportunité qui nous est donnée d’en prendre conscience et de l’approcher pour le transformer.
C’est l’opportunité d’aller un peu plus à la rencontre de nous-même, de nos ombres, pour les apprivoiser et y faire entrer davantage de lumière.
Sans obligation de nous arrêter et de nous observer, jamais nous ne le ferions spontanément.
C’est pourquoi nous pouvons profiter de cette crise que nous subissons pour écouter nos angoisses qui surgissent et nous demander :
De quoi ai-je peur ? Pourquoi suis-je en colère… et de quoi ai-je peur..? 😉😄 Car soyez sûr que la peur est derrière chaque autre émotion qui semble au premier plan.
Pourquoi l’Univers me demande-t-il de me confronter à cette angoisse ? Qu’y-a-t-il de positif pour moi derrière ?
En vous habituant à penser qu’il y a une intention positive derrière chaque épreuve que la vie vous envoie, vous changez votre regard sur la situation, et cela vous permet de trouver du sens à ce que vous vivez et de l’apaisement.
Trouver la paix en soi
Cette crise que nous traversons est une invitation qui nous est donnée de ne pas nous laisser emporter par l’angoisse mais de renforcer progressivement au plus profond de soi la voix de la confiance et de l’Amour.
C’est une invitation à croire en un Univers bienveillant qui nous apporte ces épreuves pour nous amener à nous ouvrir à une conscience supérieure et apaisée.
Cesser d’anticiper, d’organiser, d’amasser, de nous méfier, de juger, de critiquer, de réagir par la défensive, c’est-à-dire d’être dirigé par la peur… pour nous ouvrir au lâcher prise et à la confiance en soi, en l’autre et en la vie. Voilà le message que chaque crise tente de nous faire passer.
Ce n’est qu’en acceptant de vivre, d’accueillir, et de traverser nos peurs que nous pouvons nous en libérer et accéder à la paix, à la joie et au bonheur.
“La peur est une réaction naturelle à une proximité plus grande de la vérité.” écrivait Pema Chödrön
C’est normal d’avoir peur en ce moment, parce que l’immobilité nous met en contact avec une partie de nous que nous n’avons pas l’habitude d’écouter ni de ressentir. Mais ne cédons pas à la tentation de fuir, et laissons-nous traverser par cette peur pour accéder à notre magnifique Lumière intérieure.