Apprendre à combattre ses peurs
La peur est l’émotion la plus souvent à l’origine de nos résistances au changement. En effet, quand vous restez bloqué quelque part, dans une situation qui vous semble inconfortable, vous vous apercevrez la plupart du temps, en vous questionnant un peu, que c’est la peur ou l’anxiété qui vous maintient immobile.
Mais peur de quoi… ?
Peur de l’action qu’il faut engager pour sortir de l’impasse. Peur de la réaction des autres. Peur de sortir d’une zone de sécurité, inconfortable mais familière. Peur d’être déçu. Peur de ne plus être aimé. Ce sont ici quelques-unes de nos peurs les plus courantes, mais la liste peut être rallongée bien entendu.
Des angoisses persistantes
Quand on vit une situation désagréable, on cherche tous la plupart du temps à la faire disparaître le plus rapidement possible. Logique, on n’a aucun intérêt a priori à la faire perdurer. Nous sommes programmés pour éviter toute source de douleur ou de stress.
Mais à « camoufler » nos angoisses un peu rapidement, on risque de ne pas vraiment solutionner le problème, et de voir ces peurs resurgir demain dans une nouvelle situation.
Sachez que tout ce que vous « enterrez » sans trouver de vraie solution va revenir devant vous encore et encore.
N’avez-vous pas en effet des anxiétés, des situations désagréables ou angoissantes, qui reviennent régulièrement ?
La majoration d’une contravention que vous avez oublié de payer, votre tante qui à chacun de vos anniversaires vous offre un pull que vous ne porterez jamais, votre chef qui vous confie un dossier à gérer dans lequel vous ne vous sentez pas à l’aise.
Cela ne finit-il pas par vous agacer et peut-être aussi par vous décourager ? Avez-vous envie de baisser les bras en vous disant que de toute façon il n’y a rien à faire d’autre que d’accepter la situation ?
Peut-être finissez-vous souvent par renoncer à dépasser ces peurs.
Le fait que la situation revienne souvent sous différentes formes est souvent un signe qui nous est envoyé : cela nous indique qu’il y a là une peur à affronter… et que nous avons peut-être tendance à trouver des solutions de « colmatage » pour éviter de s’y pencher vraiment.
A quoi pensez-vous en lisant ces lignes ? Se pourrait-il que vous essayiez d’éviter de vous confronter à certaines peurs dans votre vie mais qu’elles vous collent à la peau et reviennent sans arrêt tel le sparadrap du capitaine Haddock dans « L’affaire Tournesol » ?
Commencez par accepter vos peurs
Comment trouver une solution efficace si l’on ne prend pas le temps de mieux comprendre ce qui se passe ? Dites-vous bien que si une situation se répète encore et encore, c’est parce que quelque chose reste verrouillé à l’intérieur de vous. La situation extérieure changera quand vous aurez réussi à accéder à cette émotion bloquée en vous et à la libérer.
En effet, dans la recherche de solution, nous sautons souvent la première étape, essentielle mais désagréable : prendre le temps de se poser et de ressentir ce qui se passe. Avant de rechercher une solution au problème, il est nécessaire de prendre le temps de mieux comprendre la situation, et d’identifier la stratégie habituelle que vous utilisez pour faire face à vos angoisses…
Pour apprendre à vaincre vos peurs, il vous faut commencer par les reconnaître et les accepter. Aussi je vous propose de répondre à ces 4 questions :
1/ Qu’est-ce qui est désagréable pour moi dans cette situation ?
2/ A quoi voudrais-je arriver ?
3/ Que faudrait-il que je fasse pour cela ?
4/ Qu’est-ce qui me retient de le faire ? Ai-je peur de quelque chose ? Est-ce qu’une peur me paralyse ?
C’est bien la réponse à cette dernière question qui est essentielle. Pour surmonter vos peurs, il vous faut les identifier et les accepter. Ne les repoussez pas, ne cédez pas à la tentation de les nier. Acceptez-vous tel(le) que vous êtes aujourd’hui. Les peurs sont normales et font partie de la vie. Pour avancer, vous allez les affronter une à une, à votre rythme. Et c’est de cette manière que vous allez renforcer votre confiance en vous et laisser s’épanouir la personne extraordinaire qui se trouve au fond de vous.
De quoi avez-vous peur ?
Prenons l’exemple de Clotilde qui ne sent plus vraiment épanouie dans son poste actuel et souhaiterait demander une rupture conventionnelle à son patron. Elle y pense depuis quelques mois mais n’ose pas aller le voir pour lui en faire part. La situation ne bouge pas vraiment tandis que sa motivation pour aller travailler diminue de jour en jour.
Voici les réponses que Clotilde a notées à ces 4 questions :
1/ Qu’est-ce qui est désagréable pour moi dans cette situation ? Le fait de continuer de travailler dans cette ambiance de compétition permanente au sein du service où nous sommes comparés sans cesse les uns aux autres. Cela me stresse et je finis par ne plus réussir à me lever quand mon réveil sonne et à redouter les lundis matins.
2/ A quoi voudrais-je arriver ? A négocier une rupture conventionnelle avec mon chef.
3/ Que faudrait-il que je fasse pour cela ? Prendre rdv avec lui pour lui en parler.
4/ Qu’est-ce qui me retient de le faire ? Ai-je peur de quelque chose ? Oui, qu’il le prenne mal et devienne agressif/me fasse des reproches.
Clotilde redoute la réaction de son chef. Elle aimerait sortir de cette situation et a une idée de l’action à mener, mais elle a peur d’affronter les critiques de son chef.
Une fois ce constat fait, vous pouvez essayer de décrire plus précisément le scénario que vous appréhendez pour comprendre la réelle source de vos peurs ici et maintenant. Dans l’exemple de Clotilde, on peut lui demander ceci :
- Comment imaginez-vous que votre chef pourrait réagir ? Il pourrait se mettre en colère et me faire des reproches.
- Qu’est-ce qui serait désagréable pour vous ? Je me sentirais coupable, fautive. Je me dis qu’il aurait peut-être raison et que je devrais peut-être rester et m’adapter davantage.
- Auriez-vous peur de quelque chose ? Oui, qu’il soit contrarié et m’en veuille. Au fond j’ai peur qu’il ait des pensées négatives à mon sujet, qu’il ne m’apprécie plus.
Trouver la force d’affronter sa peur
Dans cette situation, Clotilde se rend compte qu’elle accorde beaucoup d’importance au fait que son chef l’apprécie et pense du bien d’elle. Ce qui signifie que toute décision qui le peut le contrarier la rend vulnérable.
Le fait d’identifier la source de sa peur ne change pas immédiatement la situation. Mais cela lui permet de prendre conscience de ce qui la maintient bloquée dans cette situation inconfortable.
Et 9 fois sur 10 cette prise de conscience s’accompagne de l’apparition d’une force nouvelle : on se sent beaucoup plus fort et motivé pour prendre des décisions. Vos forces se mobilisent face à l’obstacle identifié et vous retrouvez confiance en vous.
La peur nous paralyse, on la subit confusément. Le fait d’identifier plus précisément ce qui nous effraie nous rend plus fort ! Paradoxal ? En fait non, en prenant conscience de l’origine réelle de nos peurs, on retrouve une maîtrise de la situation et donc une capacité à agir. On contrôle mieux la situation, il y a donc moins de risque de se retrouver débordé émotionnellement, on a donc moins peur.