Choisir d’être heureux
Choisir d’être heureux… c’est bien l’objet de ce blog. Alors, arrêtons-nous un instant pour nous demander : est-ce que je suis heureux(se) ?
Le temps peut passer vite, les mois, les années s’écouler sans que nous ayons toujours le sentiment de faire des choix conscients quant à la direction de notre vie. C’est naturel, nous fonctionnons quotidiennement en mode automatique. A l’image de la conduite en voiture, on n’est pas constamment à penser à chaque action que nous engageons. On appuie automatiquement sur le frein, sur l’embrayage, de temps en temps on s’aperçoit que l’on n’a pas pris le bon embranchement, justement parce que l’on pensait à autre chose et que l’on conduisait machinalement, sans y penser.
Alors aujourd’hui par exemple, débranchons et mettons-nous en mode manuel quelques instants pour vérifier une chose essentielle :
La route sur laquelle vous êtes vous conduit-elle bien là où vous voulez aller ?
Du bien-être au bonheur
La psychologie positive qui est apparue récemment s’intéresse aux déterminants du bien-être, c’est-à-dire à ce qui renforce et accroit notre bien-être. Cette approche est nouvelle car historiquement les recherches en psychologie, comme en médecine classique, étudiaient les souffrances psychiques et les façons de les soigner. La psychologie positive a pris un contre-pied en proposant d’étudier les fonctionnements caractéristiques des personnes qui vont bien de façon à découvrir la façon de les renforcer.
Les recherches sont donc menées sur les sources du bien-être et les façons de les activer au quotidien.
A la question : « Peut-on apprendre à être heureux ? », la psychologie positive répond donc « Oui, bien sûr ! » et propose des programmes spécifiques « d’entrainement » au bonheur. Ces programmes passent entre autres par une activation consciente du sentiment de bonheur et fonctionnent en cela sur les mêmes bases que la Loi de l’Attraction. A la différence que la Loi de l’Attraction vous incite à ressentir par anticipation un bonheur que vous imaginez, pour le créer et le rendre réel progressivement, alors que la psychologie positive vous propose de prendre conscience de tous les moments de bien-être quotidiens que vous vivez, là où nos automatismes ou la force de l’habitude nous font les traverser sans réellement les savourer.
Christophe André est médecin psychiatre à l’hôpital Ste Anne à Paris dans laquelle il dirige une unité spécialisée dans le traitement des troubles anxieux et phobiques. Auteur de nombreux ouvrages, il a publié en 2014 « Et n’oublie pas d’être heureux, abécédaire de psychologie positive ». Interrogé dans une émission de France culture sur sa définition du bonheur, il explique que le bonheur est justement un acte conscient. C’est la prise de conscience d’une émotion qu’est le bien-être.
Nous ressentons du bien-être quand nous avons fait un bon repas, que nous sommes en sécurité, dans un endroit agréable entourés de gens que nous apprécions, chez soi à écouter une bonne musique etc. C’est une émotion, qui va rester une simple émotion de bien-être si nous ne nous arrêtons un instant pour la ressentir et en prendre conscience : « Humm… C’est fou ce qu’on est bien… ! »
Lutter contre les empreintes négatives
Pourquoi est-il nécessaire de conscientiser ainsi ces moments heureux ? Parce que notre cerveau a été conçu pour s’adapter aux conditions de vie du monde animal, et qu’il fonctionne donc prioritairement en mode survie. A l’époque préhistorique un prédateur pouvait nous tuer d’un coup de patte ou de corne. Tous les réflexes de survie étaient donc aiguisés en direction d’un seul but : nous garder en vie.
Aujourd’hui, en dehors d’un contexte de guerre ou de conditions extrêmes, tous ces dangers n’existent plus. Cependant notre cerveau continue à fonctionner de la même façon et donne la priorité au danger. Les émotions négatives jouent un rôle prégnant dans ce système de protection et à ce titre sont programmées pour prendre le pas sur les émotions positives qui peuvent être différées : on pourra toujours trouver une autre occasion de se prélasser au soleil ou de boire cette eau qui semble rafraichissante, en revanche si on ne fuit pas tout de suite le danger qui menace il se pourrait qu’il n’y ait plus jamais d’autres prairies ensoleillées ou de source d’eau fraîche.
Aujourd’hui tout ce système de défense est plus encombrant qu’autre chose, mais il continue de veiller et donne la part belle aux situations de stress, de frustration, de peur… Elles vont ainsi laisser une empreinte dans notre mémoire plus profonde que les émotions positives. A la fin d’une journée, les moments positifs ont été objectivement plus nombreux que les moments négatifs, pourtant c’est souvent ceux-là que l’on va retenir et qui vont colorer la journée écoulée. A ce titre la rumination est une des plus puissante à nous éloigner d’un sentiment de bonheur.
Tout le travail aujourd’hui, dans nos sociétés évoluées (…), est de faire passer ces émotions positives au premier plan. On est spontanément stressé ou malheureux, en revanche on doit apprendre à être heureux.
Christophe André
Accroître son niveau de bonheur
C’est la conscience de tous les bons moments, ce qu’on appelle « les petits bonheurs », le fait d’y penser activement, qui va accroître notre niveau de bonheur chaque jour un peu plus. Cette prise de conscience lutte à la fois contre l’empreinte prépondérante des émotions négatives, mais également contre ce que l’on appelle « l’habituation hédonique », qui est le fait de s’habituer assez rapidement à un environnement agréable et de ne plus en ressentir les effets positifs après un certain laps de temps. On ne les perçoit plus avec la même intensité, ses effets se dissipent. Cela devient normal, habituel, neutre. Sauf quand un événement extérieur nous amène à les perdre, comme dans le cas d’une coupure d’eau ou d’électricité par exemple, ou des vacances sans lave-vaisselle… Quand on retrouve le confort habituel, on ressent à nouveau ses bienfaits et on les savoure, mais à nouveau sur un temps relativement court.
Les neurobiologistes en ont démontré le fonctionnement au niveau des neurones, un stimulus répété n’a plus le même impact sur les récepteurs qui ne réagissent plus.
C’est là où nos choix conscients prennent toute leur importance. Nous pouvons décider de monter le cursus du bonheur par ces actions simples que sont les prises de conscience quotidiennes. Mais aussi par les interprétations que nous donnons aux événements. En effet, les événements n’ont pas de sens en eux-même, ne sont pas rattachés à une émotion particulière. C’est bien nous qui leur attribuons un sens ou une coloration émotionnelle.
Si vous ne voyez pas bien en quoi nous avons une responsabilité dans notre façon de percevoir les événements, allez lire l’histoire du pauvre paysan chinois et de son cheval blanc dans l’article « Etes-vous chanceux (2/3) » , cela vous donnera une illustration concrète de nos filtres émotionnels.
Le paysan chinois, par son attitude neutre, réservée, choisit activement de ne pas s’enfermer dans une lecture négative ni positive (qui risquerait de basculer demain en négatif) des événements, mais de simplement les accepter et de les vivre.
Simple mais pas si facile…
Instaurez un rituel du bonheur
Vous pouvez démarrer dès aujourd’hui par un petit rituel très simple à mettre en place, seul, ou en famille c’est encore mieux.
Il s’agit de vous poser un petit moment au repas du soir ou au coucher si vous le faites avec vos enfants, ou à un moment de calme si vous le faites pour vous seul, et de vous remémorer 3 bons moments de la journée.
Ils peuvent être très simples comme le fait que votre boulangère vous a souri et que cela a été un échange agréable avec elle au moment d’acheter le pain ; ou que vos enfants ont été sages en voiture pour revenir de l’école ; que votre patron vous a fait un retour positif sur le dossier que vous avez bouclé ; que vous avez emprunté un nouveau chemin pour aller travailler pour éviter les embouteillages et que vous avez croisé sur le chemin un cavalier en balade sur son cheval ce qui a donné un air de campagne à votre trajet ; que vous avez aimé le sms que votre mari ou votre soeur, frère, beau-frère, amie vous a envoyé aujourd’hui ; que vous avez enfin rangé l’étagère sur laquelle traînaient plein de magazines que vous vouliez trier depuis des semaines etc.
Voyons voir, si je fais l’exercice ici et maintenant, quels sont les moments heureux de ma journée que je peux me remémorer ?
Je dirais en tout premier lieu le petit moment ce matin où Oscar est venu ronronner juste à côté de moi. Oscar, c’est le chat roux qui dort paisiblement sur la photo à droite, et son ronronnement a un effet déstressant garanti. Quand je prends conscience de sa présence et que j’arrive à me poser pour écouter un moment son ronronnement, ça me fait toujours beaucoup de bien.
Ensuite, ma journée a été courte, et j’ai profité de ma fin d’après-midi pour ressortir des pelotes de laine achetées l’an dernier pour faire un plaid en granny (les spécialistes du crochet reconnaîtront) qui étaient restées dans leur sac. J’ai soudain eu l’envie de démarrer ces carrés colorés, je suis une adepte des loisirs créatifs.
Troisième moment agréable, le petit temps de pause post déjeuner dans le canapé avec mon compagnon devant notre série tv du moment : « Brothers and sisters ». C’est notre petit rituel du mois d’août.
Voilà, on y est vite aujourd’hui. Comme vous le voyez, il peut s’agir de toutes petites choses, notez ou remémorez-vous ce qui vous vient. A une époque je les notais dans un carnet avec des couleurs, et j’ajoutais des images que je trouvais sur internet et que j’imprimais pour illustrer le carnet. De temps en temps je revenais en arrière pour le feuilleter et c’était une bouffée d’énergie positive que de relire tous ces bons moments et la joie qu’ils avaient procuré et continuaient à diffuser à leur lecture.
C’est une gymnastique, au début on peine un peu, on cherche, on ne voit RIEN. On trouve péniblement une idée. Et puis si vous vous y tenez régulièrement vous vous surprendrez à noter dans la journée ces bons moments pour votre rituel. Comme quand vous changez de voiture et que vous vous mettez à voir le même modèle partout dans les rues. Votre attention est inconsciemment spécifiquement dirigée vers cette tonalité émotionnelle positive et vous vous mettrez à la remarquer partout.
Ce qui ne gâche rien c’est que ça met de bonne humeur ! Et les enfants adorent et vont vous le réclamer rapidement. Si vous le faites juste avant de s’endormir, au moment du coucher, ils dormiront mieux et s’endormiront beaucoup plus facilement. C’est vrai aussi pour les grands alors essayez…
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Antoine
31 août 2015 @ 1:33 pm
Super article !
On cherche tous le bonheur dans de grands changements alors qu’il peut être à portée de main, peut être déjà être nos main.
J’avais déjà lu le rituel du bonheur sans jamais m’y mettre, c’est chose faite ! Depuis quelques jours, à table on partage nos petits moments de bonheur de la journée. Pas toujours facile…
Aclaire
2 septembre 2015 @ 3:06 pm
Formidable, oui il y a des journées où l’on cherche plus, mais ça vient de plus en plus facilement avec l’habitude. Il y a plein de choses que l’on lit et que l’on ne met pas en place faute de prendre le temps de le faire. Alors ça se fête toute cette bonne énergie pour la famille !! Et merci de ce retour qui engage la dynamique : avançons tous ensemble vers le bonheur. Qui d’autre a essayé aussi ce petit rituel ?