Quand tout va trop bien, je me sens anxieux(se)…
Me voici de retour après quelques mois d’absence sur le blog.
Où étais-je donc partie ?
Et bien, en février nous avons décidé avec mon conjoint de partir voyager, de tout vendre, maison, bureaux, tout, et de partir en camping-car faire un tour du monde avec notre fille.
Les 6 derniers mois ont donc été accaparés pour toute l’organisation du départ. L’échéance est bientôt là puisque nous larguons les amarres dans 15 jours, alors ma disponibilité intérieure revient tout doucement pour reprendre les articles… Je respire à nouveau et peut revenir à ce cher blog avec lequel je partage avec vous les sujets qui m’animent et sont source de croissance personnelle perpétuelle.
Alors aujourd’hui, j’ai envie d’aborder avec vous une situation paradoxale : lorsque le bonheur génère de l’anxiété.
…
A priori le bonheur devrait nous rendre heureux et léger. Or, il arrive plus fréquemment qu’on ne le croit que c’est l’inverse qui se produit.
Je vais vous donner un exemple.
Lorsque le succès devient angoissant
Marc était un professionnel de l’immobilier accompli. Il était sur le point de toucher la plus grosse commission de sa carrière. Et là, une angoisse s’est mise à monter en lui d’une façon incontrôlable : cette transaction allait lui permettre d’acquérir une importante notoriété dans le milieu de l’immobilier, et d’être nommé au poste de directeur d’agence qu’il visait depuis des années.
Avec la pression, il s’est mis à devenir très irritable, à prendre ses collègues de haut, ce qui n’était pas son habitude. Lors d’un pot donné à l’agence par une de ses collègues qui fêtait son départ à la retraite, il a bu plus que de raison, et la désinhibition aidant, a commencé à critiquer la gestion de l’agence telle qu’elle était faite actuellement, et a fini par insulter un de ses collègues qui, selon lui venait de saboter une réunion avec la mairie, alors qu’il y avait un gros contrat à la clé. Le ton est monté, et il a fini par lui envoyer son poing dans la figure. L’incident est remonté au directeur régional qui a décidé de le licencier.
Marc était dévasté, il se retrouvait subitement au chômage, avec un gros crédit immobilier qu’il venait de contracter pour l’achat de sa nouvelle maison, et une réputation entachée qui allait rendre compliquée la recherche d’un nouvel emploi.
Pourtant, son anxiété venait de tomber d’un coup : il était revenu dans sa zone familière, combatif face aux obstacles pour grimper les échelons à nouveau un à un. Il en connaissait tous les ressorts par cœur.
La situation de Marc est un exemple extrême d’auto-sabotage, mais il en existe d’autres versions beaucoup plus discrètes.
Vous est-il déjà arrivé par exemple, quand un situation se dénoue facilement, ou quand vous recevez des bonnes nouvelles, de vous dire alors :
« Tout cela paraît trop facile, je me méfie… »,
« Tout va trop bien, ça ne va pas durer… »,
« C’est trop beau pour être vrai… »,
« Elle est vraiment très gentille, c’est louche… » etc.
[la suite de l’article ci-dessous]
Le bonheur est-il hors de votre zone de sécurité ?
Qu’est-ce que cela révèle ? Tout simplement que vous êtes habitué aux tensions, aux difficultés, aux relations conflictuelles, aux blocages professionnels etc.
Et que lorsque tout se passe fluidement, c’est anormal !
Ce n’est pas un schéma habituel, que se passe-t-il ? Votre système de vigilance se met en alerte. Et il va guetter les signes qui vont venir confirmer que ce n’est pas normal et qu’il y a un problème.
Et vous allez finir par trouver le problème, quitte à le provoquer, à faire en sorte que l’autre se comporte d’une façon qui vous confirme qu’il n’était pas fiable, que vous aviez raison de vous méfier etc. Et vous allez pouvoir vous dire : « Je le savais… »
Ouf…
Et tout comme Marc, l’anxiété va alors pouvoir redescendre, vous voilà revenu dans votre zone de confort.
Troublant, n’est-ce pas ? Le bonheur pourrait-il être vraiment inconfortable ?
« If I die by my own hand, at least I am still in control. » Nathaniel Branden
(« Si je me détruis moi-même, au moins c’est toujours moi qui ai le contrôle. »)
Tout ceci est évidemment inconscient. Ce sont des schémas bien ancrés au plus profond de vous, confortés par des années et des années d’expériences similaires qui ont construit en vous la certitude que ce type d’événement n’est pas normal, et qu’il faut vous en méfier.
« Etre heureux, ce n’est pas normal ! » semble vous dire votre inconscient.
Croyez-vous mériter le bonheur ?
Si l’on descend encore un cran en-dessous dans la compréhension de nos mécanismes inconscients, on peut supposer que ce qui rend inconfortables ces événements heureux qui surgissent, c’est qu’ils puissent être en contradiction avec ce que nous pensons valoir, ou mériter.
Par exemple, vous êtes photographe amateur, et un couple vous contacte. Ils cherchent quelqu’un pour prendre des photos de leur mariage et ont entendu parler de vous par une amie commune qui leur a fait l’éloge de vos talents de photographe.
Ils vous proposent une rémunération bien supérieure à ce que vous aviez imaginé demander. Une angoisse commence alors à vous envahir…
Nous sommes mal à l’aise, anxieux, quand la situation est décalée par rapport à ce que nous pensons mériter. Des doutes commencent alors à pointer : allons-nous être à la hauteur ?
Plus votre estime de vous-même est basse, plus vos doutes et votre anxiété vont augmenter. Il y a un écart entre ce que vous croyez valoir et ce que l’on vous propose.
Le conflit intérieur surgit, et l’angoisse monte.
Le syndrome de l’imposteur
Si nous relisons ce qui s’est passé pour Marc, on peut comprendre que consciemment, il voulait vraiment obtenir le poste de directeur d’agence, c’était une consécration, une ambition qu’il assouvissait. Mais il est fort probable qu’inconsciemment il pouvait estimer qu’il ne le méritait pas, qu’il n’était pas assez ceci… assez cela…
En accédant à ce poste il se serait senti comme un imposteur.
Or nous avons un sentiment inné et profond de justice, aussi il a trouvé la meilleure façon de rétablir une forme de justice intérieure en se sabotant.
D’où l’apaisement intérieur qui s’ensuit. La justice est rétablie, même si c’est douloureux et compliqué de rebondir, au moins c’est juste : « je ne valais pas ce poste, c’était trop pour moi », et ici il revient dans une zone familière.
La clé du problème dans ce type de situation c’est bien entendu votre estime de vous, plus vous pensez que vous avez de la valeur, que ce que vous faites ou dites a de la valeur, plus vous vous sentirez à l’aise en toute situation et serez à même d’accepter les bonnes nouvelles, les bonnes surprises de la vie sans les rejeter ni en avoir peur…
…parce que vous le valez bien !