Accueillir ses émotions douloureuses
Je voudrais vous présenter aujourd’hui une méditation que propose Thich Nhat Hanh – un moine bouddhiste installé en France depuis les années 70, et fondateur de la communauté le Village des Pruniers – dans son livre Prendre soin de l’enfant intérieur, faire la paix avec soi.
C’est une très belle méditation qui permet d’accueillir ses émotions douloureuses quand elles apparaissent, et d’apprendre à les apaiser. C’est bien sûr une méditation qui associe la pleine conscience à la respiration. Elle est extrêmement simple en apparence, mais nous invite à apprivoiser la douleur au lieu d’essayer de la rejeter.
Voici la méditation :
J’inspire, j’ai conscience de la souffrance, de la peur, de la tristesse, de la colère, en moi ;
J’expire, j’ouvre les bras tendrement à cette sensation de souffrance.
Pourquoi Thich Nhat Hanh nous invite-t-il à « ouvrir les bras tendrement à notre souffrance » ?
Accepter ce qui nous traverse
Par cette méditation, Thich Nhat Hanh nous invite à reconnaître et accepter les émotions qui nous traversent. Il nous invite à accueillir les douleurs que nous vivons, sans chercher à les fuir pour tenter de les faire disparaître. D’une part, parce que plus on rejette une émotion, plus elle va revenir et s’amplifier avec le temps ; d’autre part, parce que rejeter nos émotions, c’est rejeter une part de nous-même, en l’occurrence notre enfant intérieur qui souffre et a besoin de réconfort.
Ce qui est douloureux, ce qui nous fait souffrir aujourd’hui, ce sont les blessures de notre enfant intérieur. Et chaque émotion qui remonte est alors l’occasion de le guérir, de l’accueillir, de lui parler pour le réconforter et l’assurer de notre présence aujourd’hui auprès de lui.
C’est le message que nous fait passer Thich Nhat Hanh à travers cette méditation : « je t’ouvre les bras tendrement », viens à côté de moi, je suis là pour toi aujourd’hui.
Accueillir ses émotions douloureuses avec bienveillance et amour, sans les juger, sans chercher à les faire taire ni à les changer, c’est dire à son enfant intérieur qu’il a le droit d’exprimer sa souffrance, sa douleur, ses tristesses, ses déceptions, son chagrin face à la vie ou aux autres, ses colères également. Il souffre, et nous sommes là à ses côtés pour le réconforter.
Les douleurs reviennent, les émotions négatives reviennent encore et encore, parce que nous ne leur laissons pas la possibilité de suivre leur cours naturellement. Nous avons appris à les réprimer, à les cacher, et ce faisant, nous bloquons sans nous en rendre compte notre processus de guérison.
Guérir, c’est laisser s’écouler nos émotions, à leur rythme, sans chercher à les influencer. Seulement les autoriser à être là et à s’exprimer aujourd’hui.
Accueillir les émotions qui remontent aujourd’hui
Dans cette puissante méditation, Thich Nhat Hanh nous invite à nous reconnecter à nos émotions négatives au lieu de chercher à les ré-enfouir au plus vite. Parce que nous couper de certaines sensations, aussi inconfortables ou négatives puissent-elles être, cela signifie nous couper d’une partie de nous-même.
Or la paix intérieure réside dans la réconciliation avec notre âme toute entière, et dans l’acceptation inconditionnelle et bienveillante de tout notre être. Y compris les parties les plus sombres, les plus douloureuses, les plus honteuses, celles où nous sommes le plus vulnérable.
Pour guérir vos émotions et amorcer un processus thérapeutique en vous, vous avez besoin d’accepter leur présence et la façon dont elles se manifestent. Les accepter au lieu de lutter contre. Les autoriser à être là. Et, petit à petit, réussir à leur dire que vous les aimez… Pensez à vos émotions comme à un enfant en détresse qui a besoin de vous.
Être présent pour son enfant intérieur
Thich Nhat Hanh nous explique ainsi à travers ces deux petites phrases – J’inspire, j’ai conscience de la souffrance, de la peur, de la tristesse, de la colère, en moi ; J’expire, j’ouvre les bras tendrement à cette sensation de souffrance – que nos émotions ont besoin de quelqu’un en face d’elles qui les accueille. Tout comme un enfant a besoin d’un adulte présent et rassurant pour apaiser sa douleur. Rester collé à ses émotions ne les guérit pas.
C’est pour cette raison que vous pouvez pleurer, et pleurer encore, pendant des années pour les mêmes raisons, si vous ne réussissez pas à créer en vous cette rencontre entre cette émotion (votre enfant qui pleure) et vous (le parent que vous pouvez être pour lui aujourd’hui), votre tristesse ne guérira pas réellement. Elle n’a pas seulement besoin de s’écouler, elle a besoin d’être accueillie.
Commencez à accueillir ces émotions qui vous traversent, et observez ce qu’il se passe. Observez les réactions de votre corps, vos pensées… Respirez dans ces émotions, dans ces sensations corporelles, simplement, sans chercher à les changer, sans les juger.
Faites-leur une place en vous, comme si vous accueilliez dans votre maison un invité que vous respectez profondément. Imaginez le faire entrer et l’installer à côté de vous dans votre salon. Parlez-lui doucement, entourez-le de vos bras. Souriez-lui. Laissez cette scène se dérouler et sentez ce qui se passe en vous.
Quand l’émotion est trop douloureuse
Si la douleur est trop intense, ce qui arrive parfois, choisissez la bonne distance qui est acceptable pour vous aujourd’hui. Si vous ne pouvez pas lui sourire, ce n’est pas grave, cela viendra plus tard. Acceptez votre rythme.
Cela veut seulement dire que l’émotion était tellement douloureuse que vous avez dû l’éloigner de vous et le rejeter le plus loin possible pour vous protéger. Aujourd’hui vous avez de nouvelles ressources et vous allez pouvoir vous en approcher peu à peu et l’apprivoiser.
Essayez alors de transformer la méditation de Thich Nhat Hanh en celle-ci :
J’inspire, j’ai conscience de la douleur qui remonte en moi ;
J’expire, j’accepte cette peur, cette colère ou cette tristesse à côté de moi, je lui fais une petite place progressivement, à la distance qui est possible pour moi aujourd’hui.
La voie vers la guérison intérieure
En vous réconciliant ainsi avec certaines parties de votre vie, vous accueillez en vous l’enfant blessé que vous avez été, qui s’est retrouvé seul, effrayé, démuni. Vous lui indiquez que vous êtes là pour lui aujourd’hui, et qu’il peut compter sur vous pour le protéger et le réconforter.
Voici ce que vous pouvez lui dire :
Cher petit frère, chère petite sœur, je sais ce que tu as traversé et à quel point cela a été douloureux et difficile.
Je suis tellement désolé(e) de t’avoir laissé(e) seul(e) si longtemps.
Aujourd’hui je suis là pour toi, et je vais rester à tes côtés aussi longtemps que tu en auras besoin.
Sens-tu mes bras autour de toi qui t’accueillent avec tendresse, et les rayons du soleil qui viennent doucement réchauffer ta peau ?
Tout va bien maintenant, tu es en sécurité.
Je suis là avec toi et je resterai aussi longtemps que tu auras besoin de moi.
Cette méditation pleine d’humanité et de tendresse est un véritable baume cicatrisant pour votre âme, et le chemin d’accès avec une réconciliation pleine et entière avec la vie, avec ceux qui vous ont blessé(e), avec vous-même et avec toutes les générations qui vous ont précédées et qui vous suivront.
Merci Taï, merci Thich Nhat Hanh pour vos enseignements plein de sagesse.
Pour apprendre à accueillir sa colère, vous pouvez aller voir :
- Méditation guidée « Apaiser sa colère et trouver la paix »
- Article « Colère, quand tu nous tiens »
- Article « Fatigue, irritabilité, mauvaise humeur : ce qu’elles cachent et comment les apaiser »
- Article « Comment guérir son humeur morose »
Magalie Pellissier
14 novembre 2019 @ 8:02 am
Cette puissante méditation de Thich Nhat Hanh est une merveilleuse découverte. ️
Anne-Claire FROGER
12 octobre 2020 @ 10:38 am
Je suis ravie Magalie que la méditation de Thich Nhat Hanh vous ait plu. Cet accueil des émotions est très apaisant et permet de s’en libérer profondément. Je l’utilise beaucoup en accompagnement individuel. ⭐️